L’Italie, Venise, quoi de mieux pour déclarer sa flamme ? Quoi de mieux pour faire une demande en mariage et pour le romantisme ? Rien surement. Cette ville fait honneur à sa réputation on ne peut pas le nier. Si une chose est sure, c’est qu’elle est magnifique, vivante, … Les canaux qui arpente dans la ville laisse flotter dans l’air ce sentiment de sécurité qui vous donne envie de vous pencher un peu plus sur cet homme à côté de vous, de prendre la main de cette femme qui marche silencieusement, de prendre dans ses bras cet enfant qui pleur et que vous ne connaissez pas. Mais ce n’est pas grave, rien n’est grave quand on marche dans les rues de Venise avec le cœur encore emplie de la volonté des premiers amours. C’est un jour comme ça qu’Anthonyo avait choisi pour demander la main de la femme qui accompagnait depuis longtemps ces jours et ces nuits. 4 ans, quatre ans presque jours pour jours que cet homme était amoureux d’elle et que cette femme se forçait à faire de même, pour ces parents, pour ce mariage organisé que les deux familles avaient prévus. Enfant, comme toutes les petites filles, elle avait rêvé de la grande blanche, de la descente des grandes marches, d’un homme qu’elle aimait à son bras, de tout ce qui est fait d’un mariage de rêve d’une petite fille. Mais dès le jour de ces 16 ans elle avait compris que cela n’arriverait pas et qu’elle était promise à un avenir moins sympathique que ce qu’elle ne l’aurait voulu. Il appartenait à un grade élevé de l’armée, elle appartenait à une ancienne famille de mécène qui n’avait pas perdu de sa suprématie. Ils formaient le couple « parfait ». Marchant dans les rues de Venise il pensait à la bague flamboyante qui était dans sa poche, elle pensait à cet autre homme qui faisait vraiment battre son cœur. Et c’est ce moment là qu’il a choisis pour lui faire sa demande. Rien n’aurait pu mieux se passer, un silence religieux régnait sur la place où ils s’étaient arrêté, un genou à terre il la regarda dans les yeux lui disant ce discours qu’il avait tant de fois ressasser, des larmes roulèrent sur les joues de la jeune femme, il les pris pour des larmes de joies, elle ne le contredit pas, ils s’embrassèrent. Le mariage prévu allait enfin pouvoir s’accomplir. Que demander de plus ?
Un an et quelques mois plus tard
Son ventre rond le faisait sourire, persuadé que c’était son enfant qu’elle attendait, pourquoi en douter ? Il l’aimait d’un amour aveugle et trop puissant pour qu’il puisse ne pas être réciproque. Mais elle n’en était pas aussi sure que lui, il était parti pendant deux mois en mission, cette petite fille qui grandissait en lui était elle le fruit de son mari ou de cet autre homme qu’elle voyait pas intermittence quand la grande maison dans laquelle elle vivait lui semblait trop vide. Comment savoir ? Comment en être sure ? Dans tous les cas il ne le serait jamais, personne ne le serait jamais, cela gâcherais tout. Alors les mois passaient, il était heureux, elle avait envie d’arracher ce petit être qui était en elle et l’attachait à cet homme violent malgré l’amour qu’il lui portait. Et pourtant, l’amour d’une mère est parfois incompréhensible. Malgré cette haine qu’elle ressentait pour l’être qui poussait en elle, elle lui parlait souvent et elle l’aimait d’un amour inconditionnel et infinie. Elle ne voulait pas que cette petite fille en puissance grandisse dans cet univers faux et trop violent. Anthonyo avec le temps était devenu violent et buvais un peu trop … S’était il rendu compte du peu de considération qu’avait sa femme envers lui ? Surement… Cela excusait-il son comportement ? Personne n’aura surement la réponse.
C’est dans ce cadre là que j’ai vu le jour en plein cœur de Vérone, dans l’un de ces hôpitaux aux chambres immenses. Ils étaient tous contents de me voir arriver, chacun à leur manière. Mais cela ne durerait pas longtemps … Malheureusement.

Ma fille, mon enfant, ma vie ... Tu ne liras surement pas cette lettre tout de suite, mais tu la liras un jour, je le sais. Parce que tu seras fouineuse comme moi, parce que tu m'en voudras d'avoir fait ce que j'ai fait et que tu voudras comprendre pourquoi je t'ai laissé seul. Je ne prétend pas que cette lettre changera quelque chose à l'amertume que tu ressentiras envers moi ... J'espère simplement que si tu ne me pardonnes pas tu me comprendras ... Ton père à peut être changé, je l'espère sincèrement, mais si ce n'est pas le cas alors je sais que tu comprendras, tu comprendras tout. Tu seras forte je le sais, moi je ne l'étais pas, j'étais lâche et pourtant c'est toi à uniquement toi qui a réussit à me faire survivre trois ans de plus auprès de lui. J'aurais voulu te voir grandir, avoir ton premier grand amour, ton premier petit ami, comme je t'ai vu faire tes premiers pas. Je ne sais pas si tu auras des souvenirs de moi encore à l'âge où tu liras ça mais je l'espère tellement. Souviens toi à quel point je t'aimais, à quel point mon coeur battait pour toi, a quel point tu étais tout pour moi (...)

Au fils des phrases mes yeux s'emplissaient de larme, pathétique reflets des sentiments qui me submergeait à l'heure actuelle. Si elle savait, si elle pouvait me voir aujourd'hui elle saurait, non il n'avais pas changé, c'était même de pire en pire. Quand j'avais eut 15 ans on avait déménagé. Volonté de mon père ... Pourquoi ? L'excuse qu'il avait utilisé avait été qu'il n'en pouvait plus de vivre dans la maison où maman c'était donné la mort. Mais cela faisait 12 ans, 12 ans qu'on l'avait retrouvé inconsciente dans son lit, 12 ans que JE l'avais retrouvé inconsciente. Mais à 3 ans qu'est ce qu'on y connait à tout ça hein ? A la vie, à la mort, à l'amour...
Bref, toujours était il que ce n'était qu'un mensonge de plus. Je savais pourquoi il voulait partir, il avait voulu partir parce que les gens de Vérone commençait à se douter de quelque chose, ce n'était pas une très grande ville et mes cols roulés hautes coutures ne suffisaient plus à masquer les coups violents qu'il me portait tous les soirs. Mes sourires joyeux ne suffisaient plus à faire oublier le désespoir dans mes yeux, je ressemblais trop à ma mère, mon père avait trop aimé ma mère... Je m'étais retrouvé trop tôt face à la réalité des actes qui se font généralement entre deux adultes consentant et amoureux... Mais je n'étais pas adulte et je n'étais pas amoureuse.... Cette lettre là, cette lettre de ma mère je l'ai retrouvé un jour alors qu'on était revenu pour la dernière fois à Vérone, pendant des grandes vacances. Ces mots ne m'ont plus jamais quittés, tous les jours je me les répétais, ils me rendaient fortes, ils m'aidaient à supporter tout ça, à continuer à avancer. Elle avait raison maman, j'étais rancunière et je lui en avais voulu de m'avoir laissée seule avec cet homme ... Mais après tout comment lui reprocher d'avoir voulu fuir tout ça ? Et oui j'étais forte, je me forçais à continuer parce que je savais qu'il y avait quelque chose ailleurs. Je savais que j'avais un avenir. Mais elle n'en avait plus...


Vérone, je n'y avais pas remis les pieds depuis si longtemps... Et pourtant ça n'avait pas changé, tout était pareil. Les mêmes rues, les mêmes pavés, les mêmes gens assis sur les mêmes bancs, avec peut être quelques années et rides en plus ... Mais surtout, le même malaise au fond de mes entrailles quand je passais devant les grandes maisons et surtout devant cette qui avait été la mienne un temps. Elle était toujours à nous, mais je ne m'y étais jamais vraiment senti chez moi. Parce que c'était là que tout avait commencé, c'était là que tout avait toujours eut lieux. Je passais rapidement en baissant la tête, comme toujours. Je n'avais plus rien ici et pourtant c'était ici que j'avais grandi et je ressentais inlassablement ce besoin de revenir ici depuis le jour de mes 18 ans. Il fallait que je m'en aille, que je quitte mon père, que je laisse tout en plan et que je recommence à zéro. Revenir à Vérone pour ce nouveau départ n'était peut être pas la meilleure des idées mais ... J'en avais bizarrement besoin ...