L’ARCHÉOLOGIE DU CŒUR

Étrange découverte qui a été faite, lundi, lors de travaux dans la zone industrielle de Mantoue à 40km au Sud de notre belle cité. Alors qu'ils creusaient durant le chantier d'une construction d'usine, les entrepreneurs sont tombés sur deux squelettes entrelacés. Première sur les lieux, la police, bien évidemment, a tout de suite constaté que la mort n'était pas récente, loin s'en faut. Les carabiniers ont rapidement appelé les archéologues en renfort. Ces derniers ont confirmé l'heure du décès : XIII siècle ap JC. Il s'agit donc d'un couple néolithique, enlacé depuis plus de 800 ans.

L’étude de la dentition des fossiles montrent que celle-ci était plutôt en bon état, sans trace d’usure trop forte. Cela permet d’estimer que nous avons affaire à de jeunes adultes. Le plus étonnant dans cette découverte est la position dans laquelle se trouvait les corps dans la tombe. Les deux squelettes se font face, leurs fronts se touchent presque et leurs membres sont enlacés, dans une étreinte éternelle. Il n’existe pas d’autre exemple d’une double sépulture du médiéval dont les membres sont ainsi mêlés. Autre fait étrange, la tombe contenait par ailleurs une arme : une épée de belle facture. L’équipe (sous la direction d’Elena Menotti) étudie depuis les squelettes pour connaître les circonstances de la mort et déterminer le sexe de ces squelettes.

Elena Menotti déclare « Je fais ce travail depuis 25 ans. J’ai participé aux fouilles à Pompéi, et dans d’autres sites connus, mais je n’ai jamais été aussi émue car c’est la découverte de quelque chose de très spécial. Tout le monde se demande évidemment pourquoi ils ont été enterrés enlacés. Je pense pour ma part que c’est le témoignage d’un grand sentiment d’amour qui a traversé le temps. » L’archéologue réfute ainsi toute idée d’une femme sacrifiée pour être enterrée aux côtés de son mari décédé de mort naturelle : « dans ces cas baptisés les « sacrifices de la veuve », la femme est mise en terre aux côtés de l’homme et non pas dans ses bras », a-t-elle précisé.

Les deux squelettes enlacés et enterrés il y a quelque 800 ans ne seront pas séparés, a affirmé Elena Menotti « Nous ferons tout notre possible pour conserver les corps dans la position exacte de leur sépulture, il n’est pas question de briser leur étreinte » . Les restes du jeune couple enlacé seront exposés tels quels au musée archéologique de Mantoue, mais leur curieuse posture soulève encore des interrogations parmi les scientifiques qui les ont d'ores et déjà rebaptisé Roméo et Juliette. Rappelons que dans l'oeuvre de Shakespeare, Mantoue est la ville d'exil de Romeo, ville où il souhaite que Juliette le rejoigne. Il n'en fallait pas plus pour attiser les esprits romantiques.