■ Messages : 317 ■ Age du Personnage : ventidue anni. ■ Logement : petite maison au borgo venezia. ■ Date d'arrivée à Vérone : 13/03/2011
♠ ♠ ♠ ♠ ■ Relazioni & Famiglia: ■ Job: Étudiante en histoire de l'art de la Renaissance. ■ Sono : se remet d'une rupture
Sujet: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Dim 13 Mar - 19:53
crédits ϟ french kiss
violet bruna sienna dell'albizzi-willsmeyer;
22 ANII ♣ CÉLIBATAIRE DEPUIS PEU ♣ POUR L'INSTANT, VIT À L'HÔTEL.
Je m'appelle BRUNA DELL'ALBIZZI, je suis d'origine ITALO-AMÉRICAINE, je suis née à FLORENCE, ITALIA et j'ai grandi à BOSTON, USA. Si tu veux me souhaiter mon anniversaire c'est le 3 AOÛT. Quand je fais ma déclaration d'impôt j'ai envie de déclarer que je suis plutôt BOURGEOISE. J'ai mené ma barque jusqu'à aujourd'hui, de ce fait j'étudie L'HISTOIRE DE L'ART ITALIEN, DANS L'ESPOIR D'ÊTRE UN JOUR CONSERVATRICE DE MUSÉE. En ce moment, je suis CÉLIBATAIRE. Comment ça pourquoi ? Mais, parce que MON FIANCÉ AMÉRICAIN, JEREMEY, EST MORT NOYÉ IL Y A DIX MOIS. J'appartiens aux MANDATI DEL DESTINO. C'est bien joli tout ça mais il serait peut être temps d'entrer dans les détails non ?!
crédits cristalline™
all you need is love ?
Ne sois pas timide, c'est quoi ton petit nom ? Marie, Mary, Marissa et tous les dérivés possibles & imaginables. Age: almost sixteen. Scénario, personnage inventé ou Bachert: personnage inventé. Mais qui c'est elle ? Pfff, mais t'es nul, c'est Leighton Meester. Tu n'aurais pas un code pour nous ? OK BY RACHELE Autre chose à ajouter ? you're the one I want, you're the one I want, ooh ooh ooh!
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Dernière édition par V. Bruna dell'Abizzi le Mer 6 Avr - 2:01, édité 18 fois
V. Bruna dell'Abizzi
❛ VIOLET BRUNA ⸞ rosa candida ❜
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Dim 13 Mar - 19:53
you fingertips across my skin.
À ma soeur, la belle Fiorenza Chiara CATENEO DE TORNABUONI.
FIRENZE, le 27 juin de l'année 1476.
Ma chère Chiara, Peut-être la nouvelle t'a-t-elle déjà atteinte dans ta lointaine Rome. Tu sais alors mon malheur, mais tu ne sais pas tout. Si tu savais comme tu me manques, surtout en ce moment de deuil teinté de remords et de culpabilité... Je vais tenter pour toi, pour toi la première, de reconstituer ce qu'il s'est passé derrière le miroir brumeux de l'intimité. Cette joute funèbre que nous avons mené, l'étoile de Gênes, le prince de Florence et moi, la jeune fille noble discrète qui a vu sa vie basculer. Hier, Simonetta est morte. Hier, j'ai échoué. Hier j'ai tenté en vain d'essuyer les larmes du visage de Giuliano, qui m'a repoussé - moi, qu'il a toujours considéré comme sa meilleure amie. Et ce rejet m'a atteint comme une épine en plein coeur, car Giuliano me hait à présent. Il a toutes les raisons de m'en vouloir - à ses yeux, je suis responsable de la mort de Netta. Pourtant, s'il savait - j'aimerais tant qu'il sache - que toutes ces trahisons, tous ces complots et toutes ces cachotteries, je les ai commises à contre-coeur, pour leur bien, à Simonetta et à lui. Tout a commencé il y a deux ans. Dio mio, que ces jours me semblent lointains et frivoles... Mes principales occupations, la lecture, l'étude et l'amour, m'occupaient tout entier. J'étais malingre, de constitution fragile. J'aimais la discrétion, appréciais la solitude et adorait Giuliano. Mon modèle. Presque mon frère... C'était lui qui participait aux joutes, lui qui déclamait des poèmes, lui qui apparaissait, presque royal, en public. Simonetta, notre soeur dont la beauté m'éblouissait, ta jumelle, avait épousé un Vespucci et venait de déménager à Florence. Du haut de ses dix-huit ans, elle rayonnait de beauté. Et c'est par mon intermédiaire que Netta et Giuliano se rencontrèrent pour la première fois.
C'était un lundi de septembre, l'automne doré de 1474 roussissait Florence aux toits ocres. L'air était vif et frais, fleurait bon le lilas. Il faisait beau. Il y avait une réception, à Fiesole, dans la maison d'été du Magnifique d'où on pouvait admirer la ville au Lys Rouge. Simonetta m'avait accompagnée dans notre résidence de Fiesole, et du même coup à la petite fête organisée par les Médicis. Elle portait une robe rouge et moi j'apportais à mon grand ami Giuliano un vieux manuscrit grec, entré en ma possession la veille, auquel, je le savais pertinemment, il ne jetterait qu'un bref regard, quoique alerte et acéré, avant de s'en détourner. J'avais seize ans à peine. J'étais chétive, malingre, un peu éprouvée par des nuits difficiles et entrecoupées de cauchemars étranges représentant invariablement la mort de ma soeur ou le suicide de Giuliano, qui avaient fait chanceler ma constitution fragile. Mais j'étais heureuse ce jour-là, heureuse d'avoir Netta à mon bras et de revoir Giuliano. Nous sommes entrés, et j'ai présenté Netta à Lorenzo qui nous accueillit, visiblement charmé et intrigué par la beauté de notre soeur. Je m'enquérais de l'endroit où je pourrais trouver Giuliano; il m'indiqua la petite pinacothèque où il admirait, seul, un tableau envoyé par Ghirlandaio dans l'après-midi. Nous nous y dirigeâmes. Je frappai à la porte, entrait dans la salle lumineuse et perçut tout de suite le regard envoûté et ensorcelant à la fois que jeta mon ami sur Simonetta. Je me retournais vers ma soeur, et tentais, troublée, une présentation rapide, m'apercevant du même coup de la rougeur qui avait rosi ses joues pâles, de la sensualité de ses lèvres entrouvertes sous le coup de la surprise et de l'éclat admirateur que reflétaient ses yeux. L'atmosphère me sembla tout à coup oppressive, malsaine, pesante. Sans prononcer un mot, Giuliano et Simonetta se contemplaient, comme hypnotisés par un charme qui m'était alors inconnu. Je me dégageais de l'étreinte moite de ma soeur, assaillie par les visions morbides que j'avais eu à propos de ces deux être que j'aimais. Et mon enfer a commencé.
Simonetta et Giuliano, comme tu le sais, ont connu à partir de cette rencontre une passion dévorante. Ils étaient nobles, riches, beaux, amateurs de classicisme et d'art; ils sont devenus la coqueluche de la ville tout entière qui s'émouvait des amours candides et sublimes du couple presque divin. Ils étaient l'Étoile de Gênes et le Prince de Florence. Ils n'étaient que douceur, volupté, grâce et passion et on leur pardonnait tout, même leur consommation d'un mariage qui n'était pas, même l'oubli quasi instantané de Marco Vespucci, le mari de Netta, qui se réduit au silence. Malgré leur péchés, ils restaient innocents aux yeux de tous. Dans le même temps, je dépérissais. Vois-tu - et c'est presque impossible à dire tant ça paraît improbable et insensé - j'ai commencé à avoir le pressentiment, non, la certitude, que Simonetta et Giuliano étaient un couple maudit. Destiné à s'aimer jusqu'à la mort et à périr dans des souffrances passionnées. Destiné, par un Destin implacable. Ils étaient les successeurs de Romeo et Giulietta, les amants de Vérone au temps de sa splendeur guerrière et médiévale. Leur ardeur passionnée était destructrice, sublime et malsaine en même temps. Elle les conduirait à leur perte, irrémédiablement. Et j'avais le devoir de les en empêcher. Je revoyais Rosalinda, physiquement ma copie conforme, l'ancienne dame de Romeo, condamnée à entrer dans les ordre pour avoir tenté de les séparer. Elle avait échoué. Plus les semaines passaient, plus mes souvenirs - mes visions, mes réminiscences - devenaient précis et nombreux. Je me rappelais très clairement avoir tenté de séparer le couple de Vérone, puis celui d'Ukraine - Simon et Liberia - sans succès. Et l'inexorabilité tragique de cet amour éternel me terrassa. Si moi, Marina Cateneo, je ne réussissais pas à séparer, par tous les moyens possibles, Netta et Giuliano, non seulement mourraient-il, mais la malédiction se perpétuerait au travers des âges, insidieuse, chez d'autres amoureux empoisonnés, pour toujours jusqu'à qu'on y mette fin. Longtemps, maladive et tourmentée, je n'ai pas pu réagir. Et comprends-moi: quelle femme, surtout sensible et chétive comme je le suis, aurait pu se résoudre à contrarier les amours, apparemment bénies des Dieux et des Muses, d'une soeur, magnifique et chérie, ayant fait un mariage d'intérêt, et d'un ami, frère de lait, beau, charitable et grandiose, dont j'ai toujours été malgré moi jalouse? Même si, dans les tréfonds de mon coeur, je sens - non! je sais - que ces amours n'ont pas lieu d'être, qu'elles sont mortelles et insidieuses, qu'elles perdront deux êtres innocents que j'aime plus que tout au monde? Dilemme insurmontable, sans issue. J'errai dans le dédale de ma conscience pendant près de deux mois. Comment? Pourquoi? Je ne parvenais pas à me persuader que je pouvais agir pour le bien de Simonetta et Giuliano tout en faisant leur malheur.
Puis je me suis résignée. Résignée à rendre mon ami et ma soeur malheureux pour le restant de leurs jours, pour leur bien (aussi incongru que ça puisse paraître), pour leur vie. Je me suis résolu à tenter d'éteindre une flamme mauvaise qui semblait pourtant bien vivace. Il semblait déjà un peu tard pour tenter quoi que ce soit. Netta était folle d'amour, folle de Giuliano; elle s'empourprait à sa vue et pâlissait quand il n'était plus en sa présence - en ces moments-là elle paraissait étrangement absente, éthérée, sans vie. Quant à lui, l'homme à femmes par excellence, le bourreau des coeurs; il semblait être devenu ombre fugace ou fantôme oublié lorsque Netta n'était pas avec lui. Et quand ils étaient ensemble... Quand ils étaient ensemble toute autre âme vivante semblait disparaître à leurs yeux. Non seulement ils ne se quittaient pas, mais il n'existaient que pour l'autre. Ils s'idolâtraient. Le reste de l'assemblée paraissait partagée entre adoration et envie; quant à moi, j'éprouvais un malaise venu du plus profond de mes entrailles, une inquiétante sensation me vrillait les tempes. Moi aussi j'étais déchirée entre deux instincts presque animaux: partir, s'éloigner de ce couple malsain et maudit, ou bien rester et tenter coûte que coûte de le séparer, même par la force? Mes premières tentatives furent vaines, infructueuses. Et Giuliano et Simonetta semblaient indifférent aux médisances indignes que je tentais de colporter sur l'autre; quand j'essayais d'agir en soeur ou en amie, en apportant des conseils défavorables à leur amour, je me heurtais à des paroles creuses et vides de sens, se voulant mollement rassurantes. Mes essais tenaient plus d'instinctives réactions à mes visions cauchemardesques qu'à une stratégie élaborée. Pour l'éloigner un temps de Giuliano, j'achetais un médecin pour qu'il découvre à la fragile Simonetta une quelconque bronchite et pour qu'il lui préconise un séjour de six mois dans l'air chaud d'Ischia, où je l'accompagnais; elle désespéra et se laissa dépérir: au bout de cinq semaines nous fûmes forcés de la ramener à Florence, tant son état empirait. Prétextant la crainte d'une rechute, je cloîtrai chez moi une Netta alitée et profitai de l'absence de son aimée pour présenter à Giuliano une jeune amie, Héléna Démétrios, lointaine cousine grecque invitée en Toscane pour l'occasion; elle était sublime, encore plus, si j'ose dire, que Simonetta, avec des cheveux de jais et une moue boudeuse; le Prince de Florence y fut encore plus indifférent qu'au moindre de mes manuscrits antiques qui l'avaient toujours ennuyé; c'est à peine s'il la salua avant de s'éclipser maladroitement, sans avoir arrêté ses yeux sur sa personne.
Bientôt, après de lamentables tentatives peu subtiles, Giuliano commença à se douter de quelque chose. Enfin, je suis sûr qu'il ne se doutait pas de mes excellentes raisons de vouloir le séparer de Simonetta; non, il attribua mes malaises et mes inefficaces essais à une quelconque jalousie. Il pensait, et c'était logique de son point de vue, que j'étais désemparée de voir deux personnes qui m'étaient chères se détourner de moi pour s'aimer au point de me laisser seul, et que d'autre part je souhaitais moi aussi vivre un amour tout aussi passionné que le leur. Il m'aborda donc, plus raisonnable que d'ordinaire. Ses paroles se faisaient bien hésitantes quand il mentionnait Netta, mais il parvenait toutefois à soutenir une argumentation sensée, qui m'aurait convaincu si (seulement) c'était la jalousie qui me poussait à m'interposer entre lui et elle. Puis, quelques semaines plus tard, en janvier de cette année 1476, au fur et à mesure que le couple sombrait dans une folie destructrice et inexorable que je contemplais, impuissante, Giuliano perdit finalement tout sens commun et me menaça plusieurs fois d'un couteau alors que je tentais de glisser dans la conversation le nom de Marco Vespucci, mari de Simonetta. Quand à elle, justement, elle me fut perdue bien avant son amant. Six mois seulement après qu'elle a eu rencontré Giuliano, elle était devenue sourde à mes supplications et ne semblait pas se rendre compte de mes évidentes tentatives de séparation du couple. Elle était à mes yeux folle, délirante, ou somnambule éveillée; elle ne finissait pas ses phrases, dansait avec des portemanteaux, hurlait en pleine nuit, apparaissait à la fenêtre de Giuliano le matin, ensommeillée et presque dénudée, sans paraître inquiète le moins du monde ni consciente de ses actes. Elle me paraissait de plus en plus irrécupérable. Je ne la reconnaissais plus.
La situation, comme tu pouvais te l'imaginer, ne fit qu'empirer et devint extrême. Ils semblaient aliénés, déments, indomptables. Quelques voix, assez conservatrices, commencèrent à s'élever en ville. Et moi, mes cauchemars me poursuivaient à toute heure du jour et de la nuit, ils me tenaient éveillée, en sueur. Non seulement ils étaient d'une précision diabolique, mais ils se firent prémonitoires. En effet, je commençai à voir un agencement démoniaque, une tragédie inévitable se profiler devant moi avec une netteté insoutenable. C'était un drame, c'était la fatalité qui, mortelle et implacable, avait saisi les deux amants pour les plonger, tout en m'y entraînant, dans une démence sans issue. Simonetta allait tomber malade. Et il n'y avait rien que je puisse faire pour tenter de l'éviter. Tentant le tout pour le tout, je la surveillais, alors que des délires fiévreux s'emparaient d'elle de plus en plus souvent. Je fis garder sa porte par des soldats vigilants, pour s'assurer qu'elle ne rejoigne pas Giuliano en pleine nuit. Je laissai les deux amants de se voir durant la journée, tout en les maintenant sous ma surveillance constante et insoupçonnée, par l'intermédiaire d'espions qui commencèrent à me coûter cher. Mais cela fut vain. Il y a deux semaines, Simonetta descendit par la fenêtre pour passer avec Giuliano ce qui devrait être leur dernière nuit ensemble. Le lendemain, mes gardes trouvèrent son lit défait et vide. Elle revint une heure plus tard environ, grelottante et encore trempée, nous avouant avec un sourire rêveur qu'elle et le Médicis s'étaient baignés ensemble dans une fontaine. Le soir-même, elle avait une fièvre inquiétante, et il fallut l'aliter.
Alors, ma chère Chiara, j'en ai honte, mais j'ai abdiqué. Je suis entré dans une furie dévastatrice. C'était ma vie qu'on prenait, qu'on détruisait sans vergogne. C'étaient mon presque frère, ma soeur, ma santé... Le comprends-tu? Je suis allée voir, en désespoir de cause, le Magnifique. J'ai demandé une audience à Lorenzo, et dans le jardin du palazzo Pitti, j'ai enfin osé tout raconter à quelqu'un - quelqu'un qui d'ailleurs, je le savais, croyais plus en l'hubris tragique grecque qu'au christianisme. Il m'a cru, inquiet, rendu presque fou lui aussi par la perspective insupportable de perdre son frère, que lui aussi avait trouvé quelque peu changé depuis qu'il avait rencontré Netta. Nous avons élaboré un plan, que nous avons suivi à la lettre et qui peut-être aurait eu quelque chance de succès si la santé de Simonetta n'avait pas été si fragile et si Florence n'avait pas traversé une période troublée. Lorenzo a rappelé Giuliano de toute urgence, le sommant d'aller plaider une cause perdue d'avance auprès du Pape qui abhorrait les Médicis. Il lui assura que seul un déplacement du frère du Magnifique en personne pourrait fléchir la cruauté avide du pontife. Giuliano partit, mortifié, à contre-coeur, mais appelé par un devoir auquel il ne pouvait faillir. Pendant ce temps, aidée des meilleurs médecins d'Italie, je tentais de remettre Simonetta sur pied. Peine perdue.
Alors que son amant était encore à Rome, Simonetta s'éteint, hier au soir, dans des souffrances atroces causées par une phtisie terrible, dont elle ne parut cependant pas s'apercevoir, perdue comme elle était dans un délire bienheureux. En sueur, diaphane, maladive, essoufflée, elle me souffla avant de mourir une dernière déclaration. «Dis à Giuliano que l'Étoile de Gênes, dans les cieux, fera s'enflammer l'azur d'amour pour lui chaque soir».
Ô ma soeur, ma bien aimée, qu'ai-je fait? Pourquoi a-t-il fallu que j'échoue dans ma mission? Le ciel s'est acharné sur nous, sur moi et ceux que j'aimais. Simonetta est morte.
Pardonne-moi.
Marina Leonata CATENEO DE TORNABUONI
À ma soeur, Fiorenza Chiara CATENEO DE TORNABUONI.
FIRENZE, le 12 juillet de l'année 1476.
Chiara, La douleur m'accable et me dévore. Hier soir, les Pazzi et les autres conspirateurs ont tenté de prendre le pouvoir des Médicis. Pendant la messe de Pacques, dans le Duomo, ils ont attaqué et blessé le Médicis, et tué Giuliano. Enfin... pour dire vrai, même si c'est un blasphème horrible, je sais que Giuliano s'est laissé mourir. C'est à peine s'il a opposé une quelconque résistance aux attaquants. À peine s'il a tenté de se défendre. Dès qu'il a compris que Lorenzo était sain et sauf, réfugié dans la chapelle, et que Florence tomberait s'il ne se battait pas, il a paru prendre la mort comme une délivrance et s'est jeté à corps perdu dans le combat. Il est mort en martyr, pour sauver son frère, pour sauver Florence et pour rejoindre Netta. Ma vie n'a plus de sens.
Marina Leonata CATENEO DE TORNABUONI
Dernière édition par V. Bruna dell'Abizzi le Mer 13 Avr - 3:07, édité 47 fois
V. Bruna dell'Abizzi
❛ VIOLET BRUNA ⸞ rosa candida ❜
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Dim 13 Mar - 19:54
crédits ϟ cycy-cycy
sometimes, i pretend to be normal.
crédits ϟ tumblr
« did i disappoint you? or leave a bad taste in your mouth ? »
CAPITOLO UNO - Lui, il s'appelait Camillo Gian Battista dell'Albizzi. Il avait vingt-quatre ans, jour pour jour. Il avait Florence et l'Italie - autant dire le monde - à ses pieds. Superbe et hautain, il n'aimait que ce qui lui tenait tête. Il aimait soumettre mais adorait l'insolence. Il était magnifique, avec ses boucles lustrées, ses yeux noirs et son teint pâle de statue. Arrogant, impétueux, effronté, il considérait sa fortune sans limites comme acquise et le monde qui l'adulait comme terrain de jeu. Il était oisif et profitait de la richesse d'esprit de ceux qui ne font rien et ont tout malgré tout. Titulaire d'un laurea en philosphie et d'un dottorato di ricerca en école de commerce de l'université La Sapienza de Rome, il possédait cette intelligence vive et impertinente, ainsi qu'une maîtrise parfait de la rhétorique de Cicéron, qui en faisaient un adversaire verbal redoutable. Il collectionnait les conquêtes, de préférence sublimes, diplômées et issues de grandes familles italiennes. Il n'avait peur de rien, sauf peut-être d'être pauvre. Il se sentait comme Marcus Antonius à la conquête de la Méditerranée: fier, charmeur et téméraire. Elle, elle s'appelait Lauryn Margaret Delilah Willsmeyer-Petersmith, dite Daisy. En termes d'ascendance illustre, elle n'avait rien à envier à Jacqueline Kennedy: les familles Willsmeyer et Petersmith faisaient toutes les deux partie de l'aristocratie bostonienne, étant typiquement WASP et richissimes. Daisy avait grandi dans une mansion victorienne de Beacon Hill, le quartier chic et bourgeois de Boston; elle avait fait ses études secondaires dans le pensionnat très select Hotchkiss Academy, dans le Connecticut. Elle était belle, plus belle encore que sublime: somptueuse. On la comparait à Katharine Hepburn, Carolyne Bessette Kennedy ou Élizabeth Taylor; elle en avait la grâce, l'élégance, la simple beauté. Elle s'était fiancée, brièvement, sur un conseil de ses parents, à son petit ami de lycée, Andrew, un beau jeune homme d'aussi bonne naissance qu'elle; mais elle l'avait quitté, lui déclarant simplement qu'elle «se sentait incomplète». Elle partit donc, comme le faisaient les fils de la bonne société américaine au début du XXème siècle, en voyage en Europe, non pas avec un sac à dos et des guides touristiques, mais suivant un itinéraire dans les plus grands hôtels.Elle était passionnée de littérature européenne, plus particulièrement de la Renaissance. Elle s'attarda donc en Italie, plus particulièrement à Florence, ville qui l'enchantait. Jeune femme richissime dans une ville étrangère, invitée par la haute société locale, choyée et admirée par le Tout-Florence, Daisy se prenait parfois pour Cléopâtre, la royale Gréco-Égyptienne dont les grands hommes romains raffolèrent. Camillo et Daisy - Marcus Antonius et Cléopâtre - se rencontrèrent tout naturellement, au détour d'une réception mondaine, présentés l'un à l'autre par leur hôtesse, une femme qui se rengorgeait très visiblement de pouvoir se targuer d'accueillir dans une même soirée à la fois une riche et belle héritère américaine et l'un des plus impétueux et convoités des jeunes premiers italiens. Très vite commença une aventure invisible, une longue démarche de séduction réciproque et sensuelle, un jeu du chat et de la souris dont ils se délectaient tous les deux sans trop savoir qui était la proie de l'autre. Ils étaient l'un et l'autre intouchables en apparence: Millo ayant officiellement dans ses filets l'une des plus belles victimes qu'il aie jamais conquis, Domiziana Mardonello, somptueuse fille d'un richissime industriel milanais, et Daisy s'étant placée d'emblée, dès son arrivée à Florence, comme une jeune femme inaccessible et impalpable, bien au-dessus des constantes joutes amoureuses auxquelles se consacrait la bourgeoisie italienne. Pourtant, dès le premier soir, une attirance irrésistible s'était créée entre eux. Deux mois durant, ils se poursuivirent, se provoquèrent, s'inclinèrent, s'attisèrent, s'ignorèrent, se turent, s'attirèrent, s'éloignèrent, puis finalement, se cédèrent. Ce fut alors l'osmose, inattendue. En effet, pour la première fois de leur vie, l'un et l'autre se retrouvèrent dans les bras d'un égal (pour qui il ressentaient un désir charnel insatiable, ce qui n'était pas rien): Camillo, coureur de jupons invétéré, avait toujours réussi, même au terme d'une fastidieuse conquête, à soumettre l'objet de ses attention; il était confronté pour une fois à une femme, plus belle que toutes celles qu'il avait rencontrées, et devant laquelle il avait dû céder. Quand à Daisy, toutes ses aventures la laissaient sur sa faim, tant tous les jeunes hommes qu'elle avait rencontrés aux États-Unis s'étaient révélés fades, faibles, sans personnalité et sans fougue après quelques mois de relation. Camillo, dont les emportements exaltés typiquement italiens lui semblaient comme un vent de fraîcheur, était le premier qui avait su satisfaire son besoin de passion. Cela dura trois ans. Trois années difficiles, naturelles, érotiques, tendres, larmoyantes, joyeuses, fastueuses, destructrices. Une séparation, après une confrontation particulièrement violente, ne fit que les réunir plus passionnément. Pourtant leurs caractères usaient leur amour, à moins que ça ne soit le contraire. Poussés par une affection et un désir sans limites, ils résistèrent à l'érosion de leur couple, trop longtemps peut-être. Et la grossesse de Daisy, qui devait consolider leur union, la fit très vite voler en éclats.
crédits ϟ happinessisachievable@tumblr
« le bonheur aux lèvres, un peu naïvement »
CAPITOLO DUE - Ce fut une enfance couleur de miel. Senteur de cuir neuf des maroquineries Willsmeyer, des pivoines blanches dont la maison était parsemée - c'était les fleurs préférées de sa mère - et de Burberry Brit, le parfum de Daisy. Violet a grandi dans une bulle dorée, de savon, de paillettes, appelez-la comme vous voulez. Elle a fêté ses anniversaires parmi des gens en costume qu'elle ne connaissait pas. Elle a appris par coeur des manuels de savoir-vivre rédigés en 1850. Elle a commencé, à 8 ans, à appliquer les règles d'or du style selon Daisy Willsmeyer: jamais de noir, toujours en talons et, la plus importante, tout vêtement, avant dix-huit ans, peut se porter jusqu'à dix fois; à partir de l'âge adulte, trois fois devient le maximum, avec au moins trente jours d'écart et des accessoire très différents. Violet, du haut de ses cinq ans, a senti l'urgence que sa mère accordait au paraître, à la réputation. Elle a perçu les efforts que Daisy faisait pour l'intégrer dans les cercles toujours plus hauts et toujours plus fermés de la haute société élitiste de Boston. Pourtant elle a été heureuse. Inconditionnelle du luxe, esclave de l'image et de la notoriété chic, Daisy Willsmeyer n'en était pas moins une femme jeune, sublime, fantasque, brillante, poétique. Elle avait cette envie de vivre constante et sans pareille, qu'elle a transmise à sa fille. Elle lui a tout donné, d'ailleurs: son amour infini pour les belles choses et le luxe élégant, quel qu'il soit, sa faculté à déceler la poésie et le romantique autour d'elle, son perfectionnisme incorrigible et néanmoins merveilleusement ambitieux, son style au comble de l'élégance et de la grâce, sa perpétuelle insatisfaction, son exigence envers tous les aspects de sa vie, son rire lumineux. Violet a été heureuse. À Boston, avec sa mère. Elle n'a revu son père que lorsque de ses anniversaires, et une fois à Thanksgiving, lors d'un de ses passages aux États-Unis. Et elle n'est jamais retournée en Italie. C'est tout juste si sa mère s'est laissée aller à lui donner des cours d'italien durant son enfance, par amour pour ce pays et par culpabilité envers Camillo, dont elle avait rebaptisé la fille. Violet fut Violet et oublia Bruna. Et au fur et à mesure des années, elle devint tout simplement une Américaine WASP et oublia ses racines italiennes, tout en se targuant cependant, comme toutes jeune fille de son milieu, d'un amour pour l'Europe et ses élégantes délices. Elle invoquait ses origines italiennes pour affirmer sa classe et son raffinement, pour se différencier, seulement, de la vulgarité du reste de la population américaine - et encore, au vu de la réputation qu'ont les Italiens en Amérique du Nord (mafiosi, voleurs, machos et tout le reste des références du Godfather), Violet aurait préféré être Suisse ou Anglaise...
crédits ϟ cigarro@lj
« youth is like a diamond in the sun and diamonds are forever »
CAPITOLO TRE - Les années passèrent, paysages verdoyants, magnifiques villes, bâtiments victoriens grandioses, réceptions somptueuses et coutumes attachantes dans la Nouvelle-Angleterre. Et Violet grandit. Elle quitta sans un bruit, comme en marchant doucement sur un tapis feutré, le monde coloré et innocent de l'enfance. Elle développa une personnalité paradoxale, ô combien banale et pourtant si différente. Sans en avoir conscience, étant elle-même partagée entre vanité orgueilleuse et insécurité constante, elle devint une jeune femme remarquable, tiraillée entre des rêves de poésie et d'ailleurs, de superficielles envies, des réaction capricieuses et des goûts d'intellectuelle. Violet faisait partie d'une élite indécemment privilégiée, d'un monde qui favorisait l'élégance mais dépréciait le mauvais goût tape-à-l'oeil, qui était à la fois en avance et en retard sur son temps, où tous devaient étudier et exceller académiquement mais où une fille devait privilégier son mariage sur le reste. Un monde à la fois libéré et coincé. Ridicule et foisonnant. Un monde où la vie se parait de mille douceurs et d'infinies libertés, mais où pourtant tout était régi par une étiquette inflexible. Un monde de personnes cultivées, où l'on s'informait, où l'on se targuait d'être ouvert sur le monde, mais où l'on était assez portés sur l'endogamie. Un monde moderne et fermé. Une micro-société qui rejetait tous les codes des nouveaux riches ostentatoires, où l'on était de préférence Démocrate, mais où il fallait sans faute se procurer une invitation au prochain cotillon. Violet était la parfait incarnation de ce monde paradoxal, à la fois parfait et étouffant. Elle était l'une des perles de Boston, voire même de toute la Côte-Est. Brillante, parlant couramment l'anglais, le français et l'italien, elle avait même fait mieux que sa mère en termes académiques puisqu'elle avait étudié à la Philips Andover Academy, le pensionnat le plus prestigieux de la Nouvelle-Angleterre, réputé pour avoir fourni plusieurs Présidents aux États-Unis. Elle y avait excellé. Elle était éminemment cultivée, s'intéressait à tout, semblait confiante en tous points, possédait une répartie infaillible, savait argumenter et faire connaître son opinion. Elle avait beaucoup lu, elle était jolie et adorait la mode. Elle aimait les dîners et les conversations sans fin, elle aimait l'excitation qui s'emparait d'elle à l'idée de rencontrer les grands de ce monde - politiciens, artistes, réalisateurs, écrivains. Elle était méprisante envers ceux qui ne trouvaient pas grâce à ses yeux. Elle était modeste et cependant ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle était l'une des jeunes femmes les plus en vue de Boston, et pourtant savait se faire discrète. Elle appréciait la simplicité - passer une semaine dans une petite maison de Cape Cod lavée par les sels marins, avec sa mère où ses amies. Et en effet, elle parvenait à maintenir vivante l'amitié, qui pouvait si vite être aspirée par les aspirations ambitieuses et tentatrices qui menaçaient à tout moment de s'emparer d'elle. Elle était, selon ceux qui la connaissaient, incontournable, adorable, brillante, captivante - en un mot, charmante. Oh, Violet! She's lovely. Such a charming young lady... Pourtant, Violet était distraite. Elle possédait plus de richesses que celles qu'elle exposait au monde - et c'étaient ces qualités et ces défauts insoupçonnés qui l'avaient rendue si appréciée de la vie mondaine. Elle était généreuse avec les autres. Complexée, se trouvant moins jolie que ce que sa mère avait été à son âge. Elle angoissait sans cesse, se demandant si elle parviendrait à réaliser ses rêves. Et si elle n'était pas prise à Princeton ? - elle le fut, mais choisit Dartmouth. Et si l'ambassadeur d'Allemagne ne l'aimait pas? Et si ce garçon ne répondait pas à ses avances? Charmante, elle l'était, de par ses doutes. Et par sa timidité parfois maladive, par sa fragilité à fleur de peau. Captivante, elle l'était, par sa joie de vivre plus que par sa richesse. Elle était tout ce qu'on disait d'elle, et même plus. Et pourtant, comme sa mère au même âge, elle était taraudée par l'impression d'un vide dans son coeur. Tout ce qu'elle était et ne savait pas, c'est ce qui chamboula Jeremey. Jeremey qui allait un jour remplir le vide qui l'étreignait.
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« i feel my body remains, time's no matter, I'm on fire»
CAPITOLO QUATTRO - La première fois, c'était une nuit de fin d'hiver. Violet avait dix-sept ans. Elle avait une vie souriante, dépourvue de toute angoisse - elle avait enfin trouvé une amie, une vraie, celle qu'elle avait cherchée, une jeune fille tout aussi brillante et tourmentée qu'elle; elle vivait sa toute première véritable histoire d'amour avec un jeune homme du nom de Ryan Luntingson, beau, poétique, réservé, ténébreux et étonnamment aussi amoureux d'elle qu'elle pouvait l'être de lui. Elle goûtait à la paix - temporaire - qu'elle avait toujours cherchée depuis que les soucis de l'adolescence et des questions existentielles étaient venus la tarauder. Ce n'était qu'illusion, passager, éphémère - cela aurait pu durer, si cette nuit-là elle n'avait pas rêvé. Tout début mars, vacances. Violet, pour la première fois cette année, avait renoncé à ses voyages adorés pour se consacrer à des révisions intensives, seule dans la maison familiale. Elle travaillait, lisait, jouait du piano toute la journée, sortant pour aller au musée et buvant du thé en continu, durant ce qu'elle appelait sa «semaine culturelle». Elle goûtait à la solitude qu'elle n'avait jamais connue et la trouvait exquise. Pourtant, cette solitude l'opressa quand elle se réveilla en sursaut, en plein milieu de la nuit. Le chauffage était encore poussé au maximum, alors que les températures extérieures montaient peu à peu, et cette nuit-là Violet suffoquait presque dans sa chambre douillette. Elle avait rêvé un rêve étrange - elle était à Messine, en Italie, dans la chaleur sulfureuse d'un été brûlant. Elle suivait avec anxiété les aventures amoureuses d'un couple sublime et malheureux, deux bruns, à la peau trop pâle pour le soleil de Sicile qui leur dessinait des tâches de rousseur sur les joues. Sans savoir pourquoi, les étreintes de ces deux jeunes gens - ils avaient la vingtaine, pas plus - l'ont emplie d'un sentiment d'horreur et de fascination mêlées. Elle se rendormit avec difficulté. Le lendemain, ayant un vague souvenir, lointain et brumeux, de son escapade italienne, elle mit ce qu'elle considérait comme une fantaisie sur le compte de la chaleur de sa chambre et de l'étourdissement de son esprit par tous les romans anciens et récits de voyage qu'elle avait lus durant sa semaine culturelle. Jugeant tout à coup celle-ci trop intense, elle décida sur un coup de tête de passer la journée dans les magasins haute couture de Boston, dérogeant à son programme d'études pour se changer les idées. Elle essaya donc, jubila, dépensa, rencontra des connaissances et revint chez elle les bras chargés d'emplettes et la tête vidée de toute pensée qui pourrait contrecarrer ses projets d'études intensives. En passant devant une librairie, elle avait acheté, prise d'un instinct subit, une belle édition de Romeo & Juliet, en texte original, sans trop savoir pourquoi. Les semaines suivantes se déroulèrent sans incident marquant. Violet commençait à réfléchir à ses choix d'universités et de cours. Elle se documentait beaucoup - notamment sur l'art et son histoire, notions qui l'avaient toujours intéressée mais jamais passionnée jusqu'à ce jour. Puis les rêves revinrent et se multiplièrent. Messine devient de plus en plus précise, et avec elle les noces secrètes, à la cathédrale di Cristo Re, des deux tourtereaux, dont elle pouvait à présent reconnaître les tenues Belle Époque. Elle entendait sa propre voix, alarmée, tenter jusqu'au dernier moment de les en dissuader. Puis, bouleversement: les prochains cauchemars - car ce n'étaient plus des rêves - eurent lieu à Saint-Pétersbourg. Puis à Paris. Ces visions étaient absolument incompréhensibles. Les lieux changeaient, les époques aussi - tantôt des robes à crinoline, tantôt des redingotes -, ainsi que les noms. Mais les personnages, le couple ainsi que certains autres, restaient les mêmes. Toujours ce brun et cette brune, superbes. Et toujours la voix de Violet. Un soir, choc: elle se trouvait à Gettysburg quand, lors d'une réception, elle passa devant un miroir poli. C'était elle. Sans nul doute. Elle, fidèle au souvenir qu'elle avait du bal masqué où elle avait revêtu une robe victorienne. Elle ne connaissait pas les deux amants que son inconscient persistait à lui montrer, nuit après nuit. Elle ne savait pas pourquoi ces deux-là semblaient se perpétuer au-delà des âges. Et surtout, elle ne savait pas pourquoi on lui montrait tout cela à elle, Bruna Violet - son premier prénom tendait à se faire de plus en plus courant dans son esprit ses derniers temps - qui n'avait rien à voir ni avec cette histoire, ni avec ces gens dont elle finit par comprendre qu'ils mourraient immanquablement, dans son imaginaire tordu, pour se réincarner, ailleurs et plus tard, et mourir de leur amour une fois encore. Tout cela était insensé, délirant, complètement irrationnel. Pourtant, Violet, étant par nature romanesque, fantasque, rêveuse et enjouée, se serait faite à être témoin de ce qui lui semblait bien être la plus grande histoire d'amour qui aie jamais existé (tout du moins dans son imagination), si seulement ces chimères fantasmées ne lui avaient pas procuré un tel sentiment de malaise profondément enraciné dans son coeur, un trouble qui la laissait pantelante et nauséeuse au réveil. Et ces rêves récurrents qu'elle répugnait à confier aux autres (elle tenta un jour de le raconter à sa grande amie Sophie Anne, et sa réaction étonnée et enthousiaste sembla étrange à Violet. Elle eut la sensation que toute la magie de ces rêves, si troublante soit-elle, avait disparu quand elle l'eut révélée à Sophie), ces rêves qui l'emportaient dans un tourbillon de sensations contradictoires, commencèrent à s'immiscer peu à peu dans sa vie. Tout du moins pouvait-elle affirment comportement étranges commencèrent à s'emparer d'elle, et que ces agissements étaient apparus aux alentours de ses premiers rêves. Par exemple, elle relut Romeo & Juliet des dizaines de fois - au moins une cinquantaine. Cette histoire la fascinait à un point presque inquiétant. Elle avait beau se souvenir de l'avoir étudiée trois ans plus tôt, quand elle la relut la pièce prit un sens tout nouveau, particulier, qui lui était presque destiné. La folie et la passion et la mort qui s'entrechoquaient dans le récit, emportant tout sur leur passage à commencer par les malheureux amants, bouleversant une ville entière, c'était pour Violet l'histoire originelle du monde, se répétant sans cesse, indéfiniment. Elle emprunta aussi une bonne demi-douzaine de livres sur l'Italie, à la bibliothèque, au grand dam de Daisy qui préférait que sa fille reste éloignée de la Botte. Violet les dévora, s'imprégnant de la musique italienne, de sa langue, de ses villes - affichant une préférence surprenante pour Vérone - et de son art, qui la passionna.
Tout à coup elle n'était plus la même. Et elle détestait cela. Enfant capricieuse, elle rêvait d'un retour à la normale, d'un répit que ses rêves refusaient de lui accorder. Jeremey le lui apporta.
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« we'll hold on to each other so we don't fall down »
CAPITOLO CINQUE - Jeremey Andrew Waltham-Medford, Jr, était lui aussi le prototype parfait de cette société qui refusait catégoriquement de se définir comme un endroit de gosses de riches à cervelle d'oiseau (exemple given, Beverly Hills, objet de toutes les moqueries). Il était même une des attractions centrales de la petite ville très bourgeoise et bien-pensante d'Hartford, la capitale du Connecticut. Fils d'une très bonne famille - les Waltham-Medford, possesseurs de la grande société du même nom important du bois précieux depuis le XIXème siècle - il était excellent élève, curieux, perspicace; grand joueur de tennis et se débrouillant en football américain; passionné de voile et passant le plus de week-ends possible dans la belle résidence familiale secondaire de Martha's Vineyard pour sillonner la baie à bord du Hepburn Glory, le voilier paternel; affectueux, généreux, ayant dédié plusieurs de ses étés à des voyages humanitaires en Amérique du Sud; beau, grand et brun avec d'irrésistibles yeux bleus. Lui et Violet se rencontrèrent à Dartmouth, prestigieuse université établie depuis 1769 dans un campus verdoyant perdu dans le New Hampshire, foyer d'une bonne partie de la jeunesse dorée de la Nouvelle-Angleterre. Ils étaient sûrs de se rencontrer, faisant tous les deux partie du même monde. Ils développèrent une affection réciproque et privilégiée, et bientôt la nouvelle de leur liaison très probable fut répandue - après tout, quoi de plus romantique que la perle la plus convoitée de Boston et le jeune premier le plus couru de Hartford se tenant par la main? Leur histoire d'amour se matérialisa et s'officialisa en même temps: quand Jeremey invita Violet dans sa maison de Martha's Vineyard. Ils y furent d'abord seuls - et ce fut là que Jeremey, en parfait gentleman, lui déclara sa flamme. Puis les Waltham-Medford père et mère, ainsi que la jeune soeur de celui qu'on surnommait JAWM, y séjournèrent et firent du même coup la connaissance de Violet, qui les enchanta. Contrairement aux idées reçues sur l'aristocratie américaine, ni les Waltham-Medford, ni Daisy Willsmeyer ne s'imposèrent ou complotèrent pour organiser un possible mariage entre les deux jeunes gens. La vie privée de Jeremey et de Violet fut décemment respectée, d'un côté comme de l'autre - la seule différence peut-être que l'on pourrait observer avec un autre couple tout à fait normal serait sûrement que les tourtereaux furent particulièrement intégrés à la vie familiale de l'autre. En gros, on les laissait vivre leur vie mais on ne cachait ni son affection, ni ses intentions favorables à une union. Il vécurent ensemble durant les trois années suivantes, à Dartmouth. Trois années qui transformèrent Violet, qui se découvrit plus passionnément amoureuse qu'elle n'aurait jamais espéré l'être - elle avait souvent eu peur d'être à moitié frigide et insensible, tant un grand nombre de petits amis bostoniens l'avaient en réalité laissée indifférente. Tous les deux étaient matures, intelligents, confiants. Ils se retrouvèrent vite engagés dans une relation très adulte, presque parfaite, faite d'un mélange de passion dévorante et d'une tendresse infinie, qui les menaient à une confiance sans limites. Bientôt ni l'un ni l'autre ne put se définir sans l'autre. Il se complétaient. Disposant d'un compagnon de vie aimant, affectueux et digne de confiance, Violet s'épanouit. Une grande partie de ses doutes précédents s'évanouirent. Ce fut une révélation. Violet, qui se torturait mentalement par des incertitudes et des hésitations perpétuelles, s'abandonna enfin à une tranquillité d'esprit réparatrice. Ses rêves maléfiques, comme apaisés par cet amour juste et tranquille, se firent plus discrets, plus doux, moins violents. Il avait un an de plus que Violet. Il avait donc terminé ses quatre ans d'undergraduate à Dartmouth alors qu'il en restait encore un à Violet. Le futur immédiat de Jeremey était incertain, mais le leur était tracé - ils resteraient ensemble coûte que coûte, malgré la distance. Jeremey avait postulé à plusieurs universités, dont Dartmouth, pour faire une Business School en second cycle. Il en choisirait l'une d'elle, puis Violet, un an plus tard, ferait son choix aussi. Ensuite, il prendrait un emploi satisfaisant, ce dont il ne doutait pas qu'il se présenterait, et, l'an d'après, Violet en trouverait un dans la même ville. Elle dépendait de Jeremey. Elle ne s'imaginait pas vivre sans lui un jour.
{CONSIDÉREZ QUE LE MEC SUR LA BANNIÈRE N'A RIEN À VOIR AVEC ED WESTWICK, C'EST UN DEMI-DIEU GARÇON FICTIF, VU QUE JEREMEY EST DÉCÉDÉ, POUR NE PAS COMPROMETTRE UN PROCHAIN SCÉNARIO DE BRUNA PERSONNAGE}.
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« you belong with me not swallowed in the sea »
CAPITOLO SEI - Ce fut lors d'une simple journée d'été, de celles que Violet aimait plus que tout parce que l'air avait une odeur particulière de soleil, d'oisiveté et de bonheur, que tout a basculé. Bien sûr, rien ne laissait présager la tragédie. Évidemment, tout semblait ordinaire, normal, presque banal. Violet se souvient avec une acuité douloureuse de ce matin-là. Elle était heureuse, comme toujours - c'est dans sa nature optimiste - même plus heureuse que d'habitude. Il faisait beau, pas trop chaud, l'océan qu'on apercevait des baies vitrées de la villa de Martha's Vineyard était particulièrement limpide. Elle avait prévu de lire, durant la matinée, un gros pavé, une Histoire détaillée des Présidents d'Amérique, qu'elle devait finir, ainsi que d'autres bouquins du même genre, en vue du cours de Histoire politique américaine: le Parti Démocrate, qu'elle avait pris pour l'an prochain. Elle y réfléchissait encore, mais elle pensait de plus en plus à faire de la politique. Elle avait déjà adhéré au Parti Démocrate. Après ses quatre ans à Dartmouth, elle ferait peut-être un Master's Degree en Politique, puis une thèse sur Kennedy? À moins qu'elle n'entre directement dans la vie politique active. Elle hésitait encore en ce 3 juillet ensoleillé. Elle rêvassa un moment, assise devant la fenêtre, en regardant Jeremey préparer sur la jetée le Hepburn Glory à une journée d'excursion, avant de partir sur le voilier, beau comme un dieu, le torse bronzé, sans gilet de sauvetage. Violet souriait en contemplant son bonheur. Tout allait bien. Elle n'avait plus rêvé à Willy et Harriet, Pablo et Soledad ou leurs réincarnations passées ou futures depuis au moins deux semaines - et encore, c'était un rêve moins sanglant que ceux qu'elle avait pu faire auparavant. Ce jour-là, ses hallucinations lui étaient si lointaines qu'elle lui semblaient... un mauvais rêve. Tout allait bien. Tout allait bien. Quoiqu'elle fasse, tant qu'elle et Jeremey vivraient, tout irait bien. Elle allait aller à l'université, ou bien travailler tout de suite - mais elle penchait pour l'université, déjà parce qu'elle adorait étudier, mais surtout parce que l'idée d'abandonner ses cours d'histoire de l'art de la Renaissance et ses leçons privées d'italien lui faisait presque horreur. Tant qu'elle et Jeremey vivraient, tout irait bien, se répétait-elle avec presque trop de conviction. Elle ne croyait pas si bien dire. Le soir, à huit heures passées, il n'était toujours pas revenu. Espérant qu'il ne se soit pas échoué quelque part, elle l'appela sur son portable. Il ne répondit pas. Ça ne voulait rien dire. Il ne l'avait peut-être pas pris, ou pas rechargé. Elle se coucha avec le coeur légèrement serré, laissant le poisson qu'elle avait cuisiné refroidir sur la table de la salle à manger, se raccrochant à l'idée qu'il serait là le lendemain. Violet se réveilla dans un lit vide. Anxieuse, elle appela ses futurs beaux-parents, puis Daisy. Ils ne savaient rien. Elle se résolut à prévenir la police. Elle s'entendit dire que les services de garde-côte avaient trouvé un corps, non loin d'Edgartown Harbor. Elle y alla le coeur battant. C'était lui. Inerte, pâle, sans vie. Noyé. Et elle, Bruna Violet Wilsmeyer, était-elle encore en vie?
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« goodbye my lover, you have been the one. you have been the one for me. »
CAPITOLO SETTE - Elle en doutait. Elle avait plutôt l'impression de survivre - et même ça, c'était difficile, presque insurmontable. Vagues et vagues de désespoir qui l'assaillaient, les unes après les autres, vagues de douleur, comme les vagues qui avaient emporté Jeremey, vagues de noirceur, vagues de deuil, vagues de détresse qui la renversaient. Et chaque matin, les vagues l'assaillaient. Elle s'éveillait, les yeux bouffis, l'oreiller encore humide de larmes, et pendant un instant, elle se questionnait - quoi, déjà? - avant de s'effondrer sous le choc du souvenir. Elle revoyait sans cesse les mains crispées du cadavre de son fiancé. Elle le revoyait, un jour avant le moment où elle avait reconnu le corps, beau et heureux, prendre le large, sans gilet de sauvetage. Elle avait souri en le voyant. Elle s'accablait de souffrances mentales répétées, se haïssant pour ne pas l'avoir arrêté, forcé à mettre son gilet, pour que tout ça ne soit pas arrivé (si seulement...). Mais elle n'était pas dupe - enfin, pas complètement. Elle savait que Jeremey était un excellent nageur, que la mer était très calme ce jour-ci, qu'un gilet n'aurait rien changé. Parce qu'après tout, elle ne savait pas pourquoi il s'était noyé, lui, le marin émérite. Elle se torturait sans cesse, criant sur la jetée et pleurant à la fois, comme ces veuves grecques des tragédies antiques qui s'arrachaient les cheveux. Elle hurlait en scrutant le large, folle d'un espoir sans espoir et toujours déçu. Et les rêves reprirent. Plus menaçants, effroyables, terrifiants qu'auparavant. Sans pitié, les visions la malmenaient alors qu'elle se tournait et se retournait inlassablement dans son lit. Pourquoi? Pourquoi Jeremey? Pourquoi ces amants maudits? Pourquoi avait-il pris la mer au lieu de rester avec elle? Pourquoi s'acharnaient-ils à s'aimer pour mieux se détruire? Violet n'était pas seule - elle l'était tant, pourtant! Même si Sybilla et Morton Waltham-Medford avaient pleuré Jeremey avec elle, les premières semaines, dans la maison de Martha's Vineyard. Même si Daisy avait pris le relais, ramenant à Boston avec elle sa fille éplorée, la soutenant dans ses bras comme elle l'aurait fait d'une enfant ou d'une folle, s'occupant d'elle et la forçant à manger un peu, pour ne pas qu'elle dépérisse tout à fait, pour ne pas qu'elle ne se laisse mourir. Même si Camillo avait pris un congé exceptionnel de la banque italo-suisse qu'il dirigeait de Florence pour aller enserrer sa fille méconnue dans ses bras forts. Même si elle était accablée de condoléances, de soutiens, de mots gentils - elle reçut même une courte lettre, rédigée en italien et d'une main maladroite, d'un cousin romain dont elle n'avait jamais entendu parler, Thybalt, qui lui disait très simplement et avec des mots qui lui allèrent droit au coeur que lui aussi avait connu l'horreur des deuils et qu'il était là pour elle. Même. Ça ne changeait rien, ou presque. Jeremey était toujours mort, jour après jour. Rien ne changeait.
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« i can live with or without you. »
CAPITOLO OTTO - Éventuellement, peut-être, un jour, on se remet d'un deuil. Possiblement. Dans le cas de Violet, sa sortie des enfers ne tint qu'à une seule chose - enfin, à deux choses qui n'en n'étaient qu'une seule. Tout d'abord, Thybalt, son cousin inconnu, avec qui elle entama une correspondance rare, mais régulière. Ils vécurent leurs deuils respectifs en parallèle et se connurent dans la douleur. En couchant en italien ses sentiments sur le papier, elle avait le sentiment lointain de découvrir -enfin, de pouvoir discerner - une facette d'elle-même, solaire et méditerranéenne, qu'elle n'avait jamais soupcçonnée. Ensuite, ses rêves, ses visions, cauchemardesques comme jamais, oui, mais qui la maintenaient vivante. Elle désespérait, criait et détestait durant ces nuits entrecoupées de réveils en sueur, mais au moins, elle avait l'impression de sentir quelque chose. Ces rêves étaient une véritable torture, mais au moins, quand elle rêvait, elle était vivante. Et cette vie que ses visions lui insufflait la faisait avancer. Elle s'activa, lut, rechercha, farfouilla, réfléchit à la possible cohérence de ses rêves pour ne pas penser à Jeremey. Elle tint un journal de bord de ses rêves pour relever les lieux, les noms, les évènements évoqués. Elle fit le lien avec des histoires réelles, et ce lien impossible la terrifia et l'intrigua, la motivant à en savoir plus. Elle lut des témoignages secrets de rêves semblables au sien. C'était sûrement le deuil qui la rendait folle, mais elle était amenée à penser que d'une manière ou d'une autre, il y avait quelque chose d'inexplicable, mais de réel, dans ces rêves qui la poursuivaient. Elle réfléchit, encore et encore; considéra des choses impensables. Et finalement, un jour de mars, neuf mois et quelques jours après la mort de Jeremey, il se passa un évènement, qui semble anodin, mais qui fut décisif. Violet relut Romeo & Juliet, pour la énième fois, mais pour la première fois depuis l'accident. Révélation. Et tout à coup tout se mit en place. Tout à coup elle comprit pourquoi, quand ses rêves l'emportaient à Vérone, ce qui n'était arrivé que deux fois, on l'appelait Rosalinda. Pourquoi on y parlait de deux familles rivales et d'une lutte sanglante. Ça y est, elle savait. Elle avait compris l'incompréhensible. Enfin, presque. Elle avait compris qu'elle rêvait d'une réincarnation de Roméo et de Juliette dans le temps. Toujours les mêmes visages. Toujours les mêmes âmes. Et le reste changeait. On - qui était «on», ça, mystère - prenait les mêmes, et on recommençait. Et ils mourraient. Et c'était horrible. Et elle, pour une raison inexplicable, apparaissait dans tous ses rêves. Suite à cette découverte, et après que sa mère tenta de lui faire accepter de retourner à l'université, Bruna - c'était son nom à présent - prit une décision. Elle allait faire ce qu'elle avait envie de faire. Thybalt était à Vérone. Elle voulait voir Vérone pour comprendre un peu plus. Elle aimait l'Italie de tout son coeur. Elle était Italienne. Elle voulait faire des études d'art italien. Elle voulait une nouvelle vie, tout recommencer. Elle allait partir en Italie.
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« it's a brand new day, and for the first time in such a long long time, i know i'll be okay. »
CAPITOLO NOVE - Chaque matin, un long soupir de soulagement s'échappait de la poitrine de Bruna. Un soupir de bonheur un peu amer, un peu mélancolique, mais c'était toujours du bonheur. Un soupir, une inspiration qui remplaçait les larmes qui avaient réveillé Violet. Violet, Bruna. Bruna, Violet. Il lui semblait que chaque matin elle se présentait à elle-même. Ah, tiens, voici Violet, riche, américaine, future politicienne, ex-optimiste, brisée, dépressive. Ah, bonjour; voila Bruna, riche, italienne, future conservatrice de musée, optimiste, enthousiaste, heureuse. Enchantée; moi de même. Elle était à Vérone depuis deux semaines. L'italien dans sa bouche allait de soi, coulait comme d'une source, comme toutes les langues solaires. Elle avait appris à se laisser dominer par ses passions, mêmes temporaires, mêmes minimes, mêmes infantiles. Appris? Non. Même pas. Elle avait découvert l'art d'être italienne en découvrant qui était Bruna. Elle avait aussi vu Camillo, son père, venu l'accueillir à l'aéroport de Florence, où elle avait passé deux jours - histoire de voir les Uffizi et l'Accademia, évidemment. Elle mangeait des glaces, se promenait, et respirait enfin. Elle se laissait accabler, parfois. Ces jours et ces nuits où elle regrettait d'être ailleurs que chez elle, où elle se reprochait de foutre sa vie en l'air, et où elle ressentait le manque déchirant de Jeremey. Mais globalement, elle allait mieux. Elle avait retrouvé une bonne partie de l'optimisme qui la caractérisait auparavant. Elle avait retrouvé les caprices d'enfant gâtée auxquels elles se laissait aller à Boston - parce que l'Italie, pour une fashion victim, on a fait pire. Elle avait retrouvé l'italien. Elle avait fait un pèlerinage du côté de la Casa di Giulietta, histoire de voir à quoi ressemblait le bâtiment qui hantait ses nuits. Pleine de curiosité et se solennité, elle s'était presque recueillie sur le berceau de cet amour violent et condamné à la mort, avant de se faire tirer de son demi-sommeil par les vociférations d'un grand blond, qui clamait que la maison lui appartenait et que c'était pas fini, oui, cette bande de zigotos? Nan mais oh. Grand blond qu'il lui semblait avoir déjà vu quelque part... Mais passons. Eh oui, aussi impensable que ça puisse paraître, Bruna était heureuse. Elle avait laissé Violet loin derrière, et elle lui manquait, bien sûr, mais elle avait besoin de se reconstruire. Et tout à l'heure, elle allait voir Thybalt, qui lui avait fait faux bond en allant à Rome, et qui venait de lui téléphoner pour lui dire qu'il était à Vérone et qu'il avait revu cette fille dont il ne pouvait pas vraiment lui parler au téléphone.
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« what's the name of the game ? can you feel it the way i do ? »
CAPITOLO DIECI - Oh, mon dieu. Si ça continuait, Bruna allait finir par croire qu'elle aussi était maudite. Dans le genre Oedipe, tu-tueras-ton-père-et-épousera-ta-mère, ou de Pâris, tu-seras-la-cause-par-ton-déshonneur-de-la-perte-et-de-la-destruction-du-royaume-de-ton-père, il y aurait désormais Violet Bruna, tu-perdras-tragiquement-ton-fiancé-avant-de-te-rendre-compte-que-les-rêves-affreux-que-tu-as-faits-toute-ta-vie-sont-réels-et-concernent-ton-cousin. Ce n'était pas possible. Elle voulait bien croire qu'il y avait quelque chose qui clochait chez elle, au point de se rêver protagoniste de l'histoire d'amour sans fin par réincarnation de Roméo et Juliette (il faut vraiment avoir un inconscient détraqué, hein). Mais de là à imaginer, même une seconde, que ces rêves sont le reflet de la réalité, que son cousin est la réincarnation de l'âme de Roméo, qu'il est destiné à mourir dans d'atroces souffrances, tué par l'amour réciproque qu'il porte ou portera à l'homologue de Giulietta Capuletti, et qu'elle était elle-même la métempsycose de Rosalinda, la femme délaissée de Roméo, c'était le comble. Et surtout, ce n'était pas possible. Et pourtant c'était vrai - il n'y avait pas d'autre explication, non? Comment expliquer sinon le désarroi horrifié, la stupéfaction atroce qui avait envahi le visage et l'esprit de Bruna quand elle avait réalisé que son cousin, souriant, prenant une gorgée de café dans la petite trattoria où ils s'étaient rencontrés, n'était qu'autre que l'inconnu, maudit et condamné, dont elle avait rêvé des centaines de fois? C'était malheureusement indéniable. Roméo et Thybalt ne faisait qu'une seule et même - et terrible! - personne. Bruna refusa de se laisser physiquement et totalement abattre, comme elle l'avait fait lors de la mort de son fiancé, mais elle fut - une fois de plus - complètement bouleversée, chamboulée mentalement. Parce que se posait là un dilemme insoluble, tout simplement! Elle venait de rencontrer son cousin, à qui elle tenait déjà énormément. Celui-ci, en passant, avait mentionné une liaison secrète, mais à la rigueur, ça ne voulait rien dire. Mais quelque part dans cette ville, dans cette ville où tout avait commencé, il y avait une jeune femme qui était l'héroïne shakespearienne réincarnée. Cette inconnue et Thybalt allaient s'aimer - si ça n'était pas déjà fait. Et ils allaient mourir de cet amour trop fort et trop brûlant. Et cet amour n'était pas de l'amour - il n'était que destruction. Et Bruna devait les en empêcher. Et si elle ne le faisait pas, l'amour maudit se transmettrait dans le temps, dans l'espace, ravageant d'autres personnes. Et si elle réussissait à éloigner Thybalt et Juliette 2.0, il y avait peut-être un chance - c'était son seul espoir - que la malédiction s'achève, que les âmes trouvent le repos.
Mais comment pourrait-elle, comment enfin pourrait-elle infliger à son cousin l'horreur indicible d'un deuil amoureux, d'un coeur brisé en mille morceaux, d'une douleur insurmontable qu'elle venait elle-même de connaître? Comment pourrait-elle? Comment?
Il le fallait pourtant. Sinon, comme Romeo et Giulietta, comme Soledad et Pablo, comme Simonetta et Giuliano, comme tous les autres, Thybalt et son aimée mourraient.
Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Dim 13 Mar - 20:44
Pareil, au risque de ne pas faire dans l'original : Bienvenue à Vérone, même si je vais te casser la tête pour avoir oser songer à me séparer de mon bachert. x)
V. Bruna dell'Abizzi
❛ VIOLET BRUNA ⸞ rosa candida ❜
■ Messages : 317 ■ Age du Personnage : ventidue anni. ■ Logement : petite maison au borgo venezia. ■ Date d'arrivée à Vérone : 13/03/2011
♠ ♠ ♠ ♠ ■ Relazioni & Famiglia: ■ Job: Étudiante en histoire de l'art de la Renaissance. ■ Sono : se remet d'une rupture
Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Dim 13 Mar - 21:14
RACHELE: Merci, et ça a l'air bien parti :Burp: JULIAN: Merciii TOSCA: Voui, je suis le grand méchant loup... t'as peur ?
Tosca J. Dal Cappello
FORBIDDEN FRUIT — Cause the morning always come to kill the dream —
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 14 Mar - 20:36
Bienvenue !! ^^
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 14 Mar - 22:02
Bienvenue à Vérone, mademoiselle ! Alors comme ça tu es une âme néfaste ... il va nous falloir un super lien (: D'ici là, bon courage pour ta fiche et surtout amuses toi bien parmi nous !
V. Bruna dell'Abizzi
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 14 Mar - 23:48
PÂRIS: Tu me sous-estimes. (by the way, Luuuke <3 ) JOSHUA: Merci bien, Ianou de mon coeur DONATELLO: J'approuve totalement le super lien qui tue, & merci
Thybalt A. Andreotti
LA MANIPULATION & LA TRICHERIE ♠ sont un art, n’est pas Giulio Andreotti qui veut.
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 21 Mar - 8:49
La semaine qui t'étais accordée pour terminer ta fiche est finie, si tu souhaites un délai prévient nous rapidement sinon, ton compte sera supprimé.
Bonne journée.
PS ton début de fiche déchire
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 21 Mar - 16:46
bienvenue sur le forum. :-)
V. Bruna dell'Abizzi
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 21 Mar - 17:09
THYBALT: Évidemment que je veux rester! Je suis motivée, par contre, je prends toujours un peu de temps à finir mes fiches, sorry :S MILÉNA: Thank you
Thybalt A. Andreotti
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 21 Mar - 17:20
Je poste sur toutes les fiches ne t'en fais pas c'est pas un repproche mais on évite ainsi les membres fantomes. Une semaine de plus ?
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 21 Mar - 18:51
Bienvenue
V. Bruna dell'Abizzi
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Lun 21 Mar - 21:07
THYB': Une semaine de plus, perfect. Ça devrait aller tip top BENVOLIO: Miam, Alexander. Et mon futur rival, puisque tu es une âme faste de T&T, c'est ça?
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Mar 22 Mar - 17:31
Nop, Benny est quelqu'un de totalement normal (:
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Mar 22 Mar - 18:38
et il est à moi. normal & à moi.
Thybalt A. Andreotti
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Mar 22 Mar - 18:42
J'allais répondre qu'à part nous casser les pieds en ronflant il faisait pas grand chose ^^ Mais je retire, Miléna nous en débarassera bientôt ? XD
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Mar 22 Mar - 18:51
comment ça, vous en débarrasser?
Thybalt A. Andreotti
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Mar 22 Mar - 18:56
Je te signale que Thybou tout doux c'est fait foutre dehors au petit jour parce que ton homme et Pâris le bébé scouate chez leur soeur xD
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Mar 22 Mar - 19:37
haaaaaaa. bah je vais le rembarquer chez moi alors. ça te fera un de moins.
V. Bruna dell'Abizzi
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die. Mar 22 Mar - 19:57
Maaaaais-euh, c'est pas fini ce flood? Mais allez-y, ne vous gênez pas, et de mon côté je continue ma fichounette.
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Sujet: Re: VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die.
VIOLET BRUNA ♠ to die by your side is such a heavenly way to die.