« Pourquoi faut-il que l'amour qui est si doux d'aspect, mis à l'épreuve, soit si tyrannique et si brutal ? »
D A L . C A P P E L L O
▬ P r é n o m s : Tosca Julietta. ▬ S u r n o m s : "Sca" parfois "Julietta". ▬ Â g e : 24 ans. ▬ L i e u . d e . N a i s s a n c e : Venise. ▬ N a t i o n a l i t é : Italienne. ▬ P r o f e s s i o n : Photographe. ▬ S t a t u t : Fiancée. ▬ G r o u p e : « Ti sento » ▬ A v a t a r : Kristen Stewart.
Ed adesso...?
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La storia della mia vita.
"C'era una volta..."
Le Destin peut être cruel lorsqu'il le désire, et c'est à croire qu'il le désirait vraiment quand il s'est attaqué au sort d'une des plus vieille famille de Vénétie. Dal Cappello. Ce nom n'est pas sans évoquer Vérone, Juliette et son balcon, et la tragédie qui va avec. Cette tragédie, les Dal Cappello l'ont connu, mais pas pour les raisons que l'on croit. Ils n'auraient jamais dû quitter Vérone. Ils y connaissaient la fortune, la gloire, le rayonnement, la quiétude. Une paix quelque peu troublée par l'amalgame que pouvaient faire les touristes en les assimilant au Capulet, troublant leur sérénité en visitant clandestinement leur demeure, afin de surprendre les fantômes d'amants n'ayant jamais existé. Ce fut pire lorsque Lady Dal Cappello décida de faire construire un balcon afin de pouvoir jouir de sa cour intérieure. Comment aurait-elle pu prédire la folie qui s'empara de la ville. Dès sa construction, dans les années 40, le balcon devint celui de Giulietta dans l'imaginaire de tous. Les visites devinrent intrusives et proprement insupportable, toute la famille décida de plier bagage. Ils prirent la direction d'une autre ville de l'Amour : Venezia. Malheureusement pour eux, les seigneurs de la Cité n'étaient pas très accueillants. Les Dal Cappello n'étaient pas de Venise, ils ne le seraient donc jamais. Ils avaient tout à refaire, ici, notamment leur notoriété qui ne cessa de péricliter. Évidemment, dans un premier temps ils firent sensation. Les Capulet de Vérone, ici, à Venise ? Mais quelle amusante attraction ! Mais ces derniers n'ayant de cesse de nier tout liens avec la légende des amants maudits, on les trouva bientôt sans intérêt, et fade. Comme la nature humaine est versatile ! Un jour on vous aime, le lendemain on vous ignore. Les affaires ne marchaient pas plus, Sieur Dal Cappello ayant eu la mauvaise idée d'aider le régime fasciste durant la guerre, se retrouvait montré du doigt, et n'avait de cesse de voir son nom associé à celui de Mussolini. Contrairement à d'autres, il avait eut l'honnêteté de ne jamais nier cet état de fait. Surement aurait-il dû, mais le mal était fait. Il tenta d'agir au mieux pour sa famille, continuant à lui offrir le même train de vie que par le passé, tandis que son cabinet d'avocat ne croisait pas un seul client. Un brûla peu à peu sa fortune personnelle et familiale, ce que les Dal Cappello avaient construit depuis le XIIème siècle vola en fumée, et leur nom tomba dans l'oublie. Ils devinrent des anonymes parmi tant d'autres. ▬ « Certainement pas ! Pas Julietta ! » Isabella Dal Cappello, encore passablement épuiser par le miracle qu'elle venait de produire, trouvait tout de même suffisamment de force pour tenir tête à son mari. « Donne-la moi ! » Ajouta-t-elle en tendant les bras vers le petit berceau de plexiglas à proximité de son lit. ▬ « Pourquoi pas Julietta ? Je trouve que c'est un prénom magnifique ! » Répondit-il en s'approchant du couffin afin de récupérer, avec mille et une précautions, le nourrisson qui s'y trouvait.« Regarde comme elle est exceptionnelle ! Il lui faut un prénom d'exception ! » ▬ « Ça ne sera pas Julietta, Mercutio ! Julietta Dal Cappello, tu imagines un peu les répercussions pour cette pauvre enfant ? Pourquoi ne pas lui accrocher un panneau autour du cou avec inscrit "Hey ho ! Viens me demander si je suis la Julietta de Roméo !", tant que tu es ? » S'exclama-t-elle en s'emparant de l'enfant que son époux lui tendait. « Je veux que cette enfant puisse s'approcher d'un balcon sans provoquer un mouvement de foule. » La jeune mère avait retrouvé un ton plus calme et tendre, alors que les yeux rivés sur la petite chose, elle lui caressait doucement la joue. ▬ « Je m'appelle bien Mercutio, moi. Et personne n'en fait tout un plat. » L'homme avait haussé les épaules, l'air dubitatif, avant de se laisser tomber dans le fauteuil mit à sa disposition. Le ventilateur, qui tournait en permanence en cette chaude journée d'août, vint faire danser les cheveux de son épouse, et un sourire tendre étira les lèvres du Sieur Dal Cappello. ▬ « Justement, il est grand temps que cette tradition stupide cesse. Comme si le fait de vous prénommer comme les héros de Shakespeare, allait vous ramener votre aura d'antant ! » Les Dal Cappello n'avaient, en effet, rien trouvé de mieux pour sortir de l'anonymat. Ce qu'ils avaient toujours exécré devenait leur fond de commerce. Ils cherchaient à attiser la curiosité.« Tu as raison sur un point, cela dit. Cette enfant est extraordinaire, elle aura un destin exceptionnel. Elle s'appellera Tosca. »
"Ed il bruco diventò farfalla..."
▬ « Julietta ! Julietta ! » Oui, on l'avait prénommé Tosca, mais son père était quelqu'un de particulièrement têtu, et n'avait jamais prononcé une seule fois son vrai prénom devant elle. Au yeux de son géniteur, elle était et resterait "Julietta", pas "Tosca".« Dépêche-toi un peu ! On va finir par être en retard ! » Depuis le bas de l'escalier, l'homme vit apparaître la tignasse passablement décoiffée de son petit bijou : Sa fille. Elle avait dans les 9 ans, et faisait une nouvelle fois l'école buissonnière afin que son père puisse la trainer jusqu'à un énième casting. L'enfant n'avait pas le moins du monde l'envie de s'y rendre, mais son père semblait tellement rayonnant, tellement heureux lorsqu'elle se retrouvait devant la caméra, qu'elle n'avait pas le cœur à lui refuser ce plaisir. Mercutio avait, en effet, trouvé un très bon moyen d'arrondir les fins de mois. La frimousse de Tosca semblait plaire aux publicitaires, qui n'arrêtaient pas de la faire tourner dans des spots publicitaires tous plus cons les uns que les autres. D'ailleurs, depuis quelques semaines, les tâches de rousseur de la fillette apparaissaient sur tous les postes de télé italien. Elle vantait les mérites d'une boîte de céréales, en se dandinant sur le tube de Madonna "Material Girl". Pour l'occasion, elle poussait même la chansonnette. Tosca n'avait absolument pas compris le rapport entre le fait d'aimer le luxe, et une boîte de céréales, mais elle s'était prêté au jeu, pour voir le sourire de papa. ▬ « Papa ? » L'enfant venait de sauter la dernière marche, et avait redressé un regard anxieux vers son père. ▬ « Oui, mon trésor ? » ▬ « Papa, est-ce que... » Elle s'interrompit le temps d'enfiler les manches de la veste que lui présentait son père. « Est-ce que je vais bientôt pouvoir faire du théâtre ? » Devant l'absence de réponse de Mercutio, qui se contentait de lui enfoncer son bonnet sans un mot, la petite fille poursuivit. « Parce que tu avais dit que tu m'inscrirais quand j'aurais eu un contrat, et ça fait déjà cinq, et je... » elle ne parvint à terminer sa phrase, son père l'impressionnait trop, et en cet instant, il ne faisait absolument rien pour arranger les choses. ▬ « Tu sais bien que les cours sont trop cher, trésor. » Annonça-t-il, confus. C'était bien évidemment un mensonge. Les affaires allaient bien pour lui, et sa fille rapportait de l'argent. Mais justement, l'inscrire à des cours représentait une perte de temps, et une perte de gain. Tosca était la si craquante petite fille de la télé, les passants l'arrêtaient dans la rue, félicitaient Mercutio, pinçaient les joues de la fillette, lui ébouriffaient les cheveux, comme si elle était un membre de leur famille, et le papa était si fier ! Il retrouvait un peu de ce rayonnement d'antant, celui que les Dal Cappello avait perdu en s'installant ici. Pourquoi tuer la poule aux oeufs d'or ? Jamais !« Vas chercher ton frère. Nous sommes déjà très en retard. Tu ne voudrais pas qu'une autre que toi obtienne cette publicité, pas vrai ?» Tosca secoua la tête en tentant de ne pas laisser entrevoir ses yeux bordés de larmes, avant de remonter à l'étage chercher son petit frère. [...] ▬ « Hors de question ! » Le gamin de 16 ans à la beauté presque suréaliste, tira une nouvelle fois sur le petit cylindre de nicotine, avant de laisser échapper une volute de fumée d'entre ses lèvres rosées et accueillantes. Il avait prononcé ces mots avec un calme olympien, et une autorité naturelle, comme s'il ne doutait pas un seul instant qu'il serait obéit. Il fixa le ciel couvert de coton blanc, avant de reporter son regard chocolat sur la jeune fille de 17 ans, assise à ses côtés. ▬ « Il ne me semble pas t'avoir demandé ton avis. » Répondit-elle sur le même ton, avec le même calme, et la même confiance en elle que son cadet, s'offrant même le plaisir d'afficher un léger sourire en coin, avant de récupérer la cigarette entre les doigts du jeune éphèbe pour la porter à ses lèvres. ▬ « Tu n'as pas le droit, Tosca ! » Voilà, il avait perdu son calme ! Tosca = 1; Pâris = 0 ! Il s'était tourné de trois quart afin de faire face à l'agaçant profil de sa soeur. « C'est contre nature ! C'est... C'est... C'est de l'inceste !! » ▬ « De l'inceste ? Rien que ça ? » Demanda-t-elle dans un léger éclat de rire. « Est-ce que tu sais au moins ce que ça veut dire ? » ▬ « Évidemment ! Je ne suis pas inculte ! C'est mon meilleur ami ! C'est comme mon frère ! Il est donc le frère de ton frère, par conséquent ton frère par procuration.» ▬ « Rien à faire de la procuration.» ▬ « Tosca !» ▬ « Pâris ?» Oui, encore un qui n'avait pas échappé au prénom pioché dans un exemplaire de "Roméo&Juliette". Pâris enrageait, Tosca jubilait. ▬ « Tu ne peux pas te trouver un autre mec ? Pour moi, s'il te plait ?» ▬ « T'as qu'à pas avoir des potes aussi canon. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi, frérot.» Dans un sourire triomphant, elle envoya, de l'index, le mégot voler au-delà de la rambarde du toit-terrasse de leur maison. Pâris et Tosca n'avaient qu'un an de différence et étaient si similaires qu'ils passaient leur vie à s'adorer ou se détester. Aujourd'hui, nul doute que Pâris détestait sa sœur. Elle venait de lui apprendre que Matteo, son meilleur ami, avait convié Tosca au carnaval. Tout le monde savait très bien ce que cela signifiait, Tosca la première, qui s'était empressée d'accepter l'invitation. ▬ « Je vais le dire à Papa ! Il t'empêchera de sortir ! » S'empressa-t-il de s'exclamer avant que sa soeur ne passe la porte ramenant au grenier. ▬ « Alors je lui dirais que tu fumes en cachette. » Répondit-elle le plus calmement du monde. ▬ « Tu fumes aussi, je te signale ! » ▬ « Oui, mais moi j'ai quelque chose que tu n'as pas... » Elle tourna son visage malicieux vers son frère, avant d'ajouter : « Des chewing-gums. » Elle en glissa un entre ses lèvres, avant de disparaître par l'échelle. ▬ « Démoniaque poison manipulatrice ! » Grommela-t-il en donnant des coups de poing dans l'air.
"Romeo e Giulietta..."
Assise en tailleur au pied de son lit, une feuille noircie de traits indescriptibles et d'annotations indéchiffrables, Tosca s'énervait tout seule. Griffonnant de plus en plus fort, la mine de son crayon de papier vint à transpercer la fine feuille. Agacée, elle jeta le crayon contre le mur, manquant éborgner l'homme qui se trouvait allongé dans le bon sens du lit, avant de chiffonner la feuille, pour l'envoyer valser à son tour. Ses doigts s'enfoncèrent dans ses cheveux, tandis qu'elle baissait la tête dans le vain espoir de tuer dans l'oeuf les larmes qui menaçaient de surgir. Ne plus pleurer, elle se l'était promis. ▬ « Tosca ! Chérie, calme-toi.» La voix masculine s'éleva dans le silence, alors que l'homme avait quitté l'épaisse couverture protectrice pour venir rejoindre la jeune femme, et la forcer à relever le menton. ▬ « Me calmer ? Comment veux-tu que je me calme ? Comment veux-tu que je me concentre sur ce foutu plan de table alors qu'elle est entrain de souffrir dans la pièce d'à côté ? Comment suis-je censée faire ça ? Hein ? Comment ?» Elle venait d'hausser la voix, sans pour autant hurler. Elle était hors d'elle, mais parvenait à conserver suffisamment de retenue pour ne pas se faire entendre par celle qui ne devait que somnoler de l'autre côté de la cloison si fine. ▬ « Je le sais, ma chérie, je le sais, mais c'est ce qu'elle voulait. Tu ne peux rien faire, absolument rien, tu ne peux qu'accéder à la seule demande qu'elle t'a adressé.» Son ton, à l'inverse de celui de Tosca, était calme et posé, doux et rassurant, tandis que sa main parcourait les épaules de sa compagne, lui apportant tout le réconfort et le soutient qu'elle acceptait qu'il lui offre. ▬ « Et comment peut-elle me demander une chose pareille ? Comment peut-elle songer à cela alors qu'elle est mourante ? Bon sang, Matteo ! Ca me semble tellement futile et superficiel ! Je voudrais pouvoir faire quelque chose de vrai ! Quelque chose d'utile !» Cette fois, elle pleurait, laissant tomber son front contre l'épaule masculine avec un sentiment de total abandon. ▬ « Tu as entendu les médecins ? 50% de la guérison est dûe à la simple volonté du malade. Tant qu'elle se bat, la maladie n'a pas son mot à dire. Alors aide-la à se battre, aide-le à croire encore en la beauté de la vie, accède à sa demande, mon amour.» Ses mains douces cajolaient la nuque offerte de sa belle, tentant d'apaiser les sanglots qui secouaient son corps. Il avait une sainte horreur de la surprendre dans un tel état d'abattement, et si elle se sentait inutile et impuissante, il n'était pas loin de ce sentiment lorsqu'il ne parvenait à assécher ses larmes. ▬ « J'ai accédé à sa demande, tu as accédé à sa demande, mais je ne vois pas en quoi ce mariage va l'aider à guérir ! Je serais tellement plus efficace, dehors à amasser de l'argent pour son traitement qu'à m'arracher les cheveux sur un plan de table débile ou une liste d'invités sans intérêt !» ▬ « Tosca ! Je te rappelle que tu parles de notre mariage, mon amour. Serait-il possible que tu évites les adjectifs comme "débile" ou "sans intérêt" lorsque tu parles de la cérémonie qui nous unira l'un à l'autre pour l'éternité et devant tous ?» Son ton était plus sec, sans réellement devenir froid et cassant, il n'était pas en colère, juste parfois blessé par la maladresse de sa compagne. Au-delà du fait que ce soit la mère de sa fiancée qui ait insisté pour les voir se marier, Matteo en était réellement enchanté. Il n'attendait que cela, sans jamais oser faire sa demande. D'ailleurs Tosca avait été surprise de le voir se procurer une bague si rapidement après la demande de sa mère. Normal, il la gardait dans sa poche depuis des mois, depuis le jour où il avait eu la révélation en la voyant jouer tendrement avec le fils des voisins, âgé d'une toute petite année. Elle était celle avec qui il souhaitait fonder une famille, celle avec qui il se voyait vieillir. Il ne croyait pas à ces conneries de coup de foudre et d'âme soeur, il n'y avait pas de lien mystique entre eux, mais cela faisait des années qu'il l'aimait, et cela suffisait amplement à la demander en mariage. Elle était son amour, sa meilleure amie, son alliée. Jamais femme n'avait eu plus d'importance qu'elle dans sa vie, ni dans son cœur. ▬ « Pardon, Matt. Tu sais bien que ce n'est pas ce que je voulais dire. Je n'ai jamais songé au mariage, je ne pensais pas être de celles qui se marient, en tous cas pas comme ça. Ça ne veut pas dire que je ne t'aime pas, tu le sais bien. Tu le sais que je t'aime, hein ? Je n'ai juste pas la tête à la robe blanche en ce moment.» Tosca, à la différence de son fiancé, n'avait jamais songé à se marier si vite. Pourtant, cela représentait un avantage non négligeable, vu l'étroitesse d'esprit de son père, qui refusait toute relation en dehors des liens sacrés du mariage. Si Matteo se trouvait dans la chambre de Tosca en cet instant avec la bénédiction du papa, c'est parce qu'ils avaient l'excuse de la préparation du mariage en un temps record, sinon, il aurait été contraint de passer par la fenêtre, ce que Matteo détestait faire par-dessus tout. Évidemment, les deux jeunes fiancés n'avaient pas attendu le mariage pour passer à l'acte, à vrai dire, ils y étaient passé une toute petite semaine après le fameux carnaval où Tosca avait été conviée par lui. Et encore, ce n'était pas Matteo qui avait fait d'elle une femme, vu que la jeune fille avait perdu sa pureté avant de le rencontrer. Elle n'avait jamais réellement respecter les règles qu'on lui fixait, et elle se demandait si son père continuait à la croire chaste après 6 ans de relation avec Matteo, ou s'il fermait les yeux pour tenter de vivre dans l'ignorance ? Elle avait 24 ans, merde ! Comment pouvait-il encore y croire, alors que Pâris était accueillit comme le Messie chaque fois qu'il ramenait une fille différente de celle de la veille. Oui, d'une manière ou d'une autre, le mariage aurait fini par s'imposer aux deux amoureux. Il était libérateur, en un sens. Alors pourquoi avait-elle tant de mal à l'accepter ? Elle aimait Matteo, elle en était sûre ! Il n'avait rien d'une âme sœur, certes, mais il était celui qui faisait battre son cœur, enfin, c'est ce qu'elle pensait. Il était son confident, son meilleur ami, celui qui la comprenait le mieux, bien qu'elle soit pour le moins indéchiffrable à quiconque, et que cela génère pas mal de disputes dans le couple. Elle était une sorte d'électron libre qui était parvenu à trouver un homme suffisamment patient pour l'accepter ainsi, et ne pas chercher à trop la changer. C'était ça l'amour, non ? En tous cas, c'était le seul qu'elle connaissait, une familiarité, une routine, une accoutumance réconfortante, un pilier dont elle avait besoin en ces temps de grande incertitude. ▬ « Oui, je le sais. Et je sais que je t'aime aussi, que nous sommes fait pour être unis à jamais, aujourd'hui ou demain. Sauf que demain, elle risque de ne plus être là, alors qu'elle ne désire que ce que toute mère désire, mon cœur, elle veut te voir dans ta robe blanche, remonter l'allée centrale de l'église un sourire rayonnant aux lèvres. Pourquoi remettre à plus tard ce que de toutes manières, nous ferons ?» Un frisson désagréable, traversa l'épine dorsale de la jeune femme à l'évocation de l'allée centrale et de la robe blanche. Pourquoi cette réaction ? Elle décréta que c'était dû à l'appréhension que sa mère baisse les bras sitôt cette cérémonie passée, qu'elle décide qu'elle avait assisté à ce à quoi elle souhaitait assisté, et qu'elle pouvait partir en paix, à présent. C'était une des grandes craintes de Tosca. Si Matteo avait raison, alors 50% de la guérison était dû à la volonté du patient. C'est dans sa tête. Qu'allait-il se passer dans sa tête quand elle aurait eu ce qu'elle voulait ? Fallait-il qu'elle lui promette un petit-fils pour la faire tenir encore ? Ou bien Tosca se montrait-elle égoïste en souhaitant que sa mère vive encore, rien que pour elle, malgré la souffrance qui étreignait chacune de ses respirations douloureusement plaintives ? Résignée, elle hocha la tête avant de récupérer la feuille froissée, de la déplier, et de se remettre à l'étude de son plan de table. Ce n'était clairement pas ce qui allait sauver sa mère, mais peut être ce qui allait la rendre heureuse, encore une fois, encore un peu... Elle le méritait. [...] Fenêtre ouverte, un élastique ramassant ses cheveux pour éviter que le souffle du vent ne vienne à les lui ramener au visage, Tosca Dal Cappello refaisait la route de ses ancêtres. La vieille Mustang de son grand-père avait encore de la gueule, et à part le poste radio qui faisait des siennes, elle était dans un état irréprochable. Pour la dixième fois depuis plus d'une heure, Tosca abattit le plat de sa main sur le poste, qui grésilla avant de reprendre correctement la chanson, et non répéter sa cesse "Saying somethin' stupid ! Saying somethin' stupid ! Saying somethin' stupid ! Saying somethin' stupid !" pendant de longue minute, et libérer, finalement le " like I love you" difficile à accoucher. Frank Sinatra ! A croire que la cassette audio datait de son grand-père également. Une larme tenta une percée sur la joue rosie de la jeune femme, qui la freina rapidement, d'un revers de main. Non, elle ne pleurerait pas, même pas à cause du vent, elle se l'était interdit ! Si elle n'avait pas versé de larmes lors de la cérémonie, alors elle n'avait pas le droit d'en verser, maintenant, pour une raison aussi insignifiante qu'un peu d'air dans son oeil. Non. Elle venait de vivre le plus dur, et pourtant, quelque chose lui disait qu'elle n'était pas au bout de ses peines. Elle aurait d'autres épreuves à traverser, mais lesquelles ? Elle ne parvenait à comprendre ses réactions, elle ne parvenait plus à se comprendre elle-même. Pourquoi éprouver du soulagement à l'idée de partir, alors qu'elle aurait dû appréhender cela ? Elle n'avait même pas eu à se forcer, elle en avait ressentit l'envie. Quitter les siens pour revenir aux origines, alors que chacun des membres de sa famille s'était dégonflé. Ils avaient tous besoin de se noyer dans le quotidien, dans la familiarité de leur petite vie pour ne pas sombrer. Tosca avait ressentit le besoin inverse, celui de partir loin de tout, loin de tous. Pas pour longtemps, juste quelques jours, le temps de faire ce qu'elle avait à faire et de régler les derniers détails. Ce qu'elle avait à faire était dur, une véritable épreuve que tous avait refusé. Elle avait accepté. Elle n'était pas plus courageuse, elle était juste différente d'eux. Ses envies, ses besoins, sa force émanaient d'autre chose. Et elle ne savait pas quoi. Pour son père, c'était le travail, son cabinet d'avocat qui marchait plutôt bien, et l'alcool dans lequel il trouvait une sorte de réconfort et d'amnésie provisoire. Pour son frère, c'était la maison, le foyer empli de souvenirs, et les femmes. Et pour Tosca, c'était la fuite. Ce n'était pas réellement une fuite, c'était comme une course poursuite. Mais après quoi courait-elle ? Elle n'en avait foutrement aucune idée ! Matteo s'était proposé de l'accompagner dans son périple, mais elle avait refusé. Si elle savait une chose, c'est qu'elle devait être seule. Elle devait être seule pour ne plus l'être. Agacée par ce sentiment de savoir un tas de choses sans parvenir à mettre le doigt sur l'essence même de tout cela, elle se mit à tabasser le pauvre volant, avant de s'énerver sur la boîte de vitesse. La vieille Mustang se rebella, et Tosca retrouva son calme. Provisoirement, tout du moins, car lorsqu'elle vit le panneau indiquer l'entrée de la ville de Mantova, elle se mit à jurer comme un chartier, blasphémant de tout son soûl sur la Sainte Bible ! Depuis quand devait-on passer par Mantoue pour rejoindre Vérone depuis Venise ? Elle s'était encore plantée de route ? A bout de nerf, elle s'arrêta sur le bas côté de la route, et récupéra la carte routière qui s'étendait sur le siège passager. Matteo, prévenant, avait surligner en rouge la route qu'elle devait suivre, et son index suivant la courbe, elle vérifia mentalement son itinéraire afin de repérer son erreur. Elle avait passé Padova, puis Vicenza, jusque là, tout allait bien. A San Bonifacio, elle avait décidé de quitter l'autoroute, afin de rejoindre Vérone par de plus petits axes, ceux-là même qu'avaient emprunté ses ancêtres pour quitter la cité maudite. Elle n'aurait dû mettre qu'une vingtaine de minutes pour atteindre Vérone, et voilà qu'une heure plus tard elle se trouvait aux portes de Mantoue ! C'était quoi ce délire ? Poursuivant son tracé à bout d'index, elle repéra son erreur, et eu cogna frénétiquement le milieu du volant, provoquant une multitude de coups de klaxon, qui furent reprit en échos par les voitures la dépassant à toute vitesse. A San Giovanni Lupatoto elle aurait dû tourner à droite et non à gauche ! Quelle conne ! Soufflant un bon coup, elle reposa le plan sur la plage arrière avant de se tourner vers le siège passager. ▬ « De toute manière tu n'es plus vraiment pressée, maman, pas vrai ?» Ses doigts vinrent caresser tendrement l'émail de l'urne funéraire, avant que son regard ne se reporte sur la route. Vérone. Dans une heure elle y serait. Pour la dernière fois. Elle irait ramenait sa mère chez elle, puis elle ferait ce qui représentait plus qu'une épreuve, un véritable déchirement. Elle allait signer les papiers de vente. Bientôt la Casa di Giulietta ne lui appartiendrait plus, bientôt la Casa di Giulietta servirait à rembourser les dettes de son père. Le dernier bien de sa famille, son dernier trésor, le dernier témoins de leur rayonnement passé servirait à rembourser le traitement médical d'une femme qui tenait, à présent, dans une urne de cinquante centimètres. La vie n'était plus qu'une vaste plaisanterie, où seule une sacrée dose d'ironie et d'auto-dérision permettait de survivre. Heureusement, Tosca ne manquait pas d'humour.
Ne vogliamo ancora più !
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Shhhhhhhh ! È segreto !
Dis-nous tout ! On veut tout savoir !
▬ T a i l l e : 1m64 ( elle est ch'toute pitite) ▬ P o i d s : 51 kg (elle est ch'toute mince) ▬ S i g n e . A s t r o : Lion ▬ 1 0 . Q u a l i t é s : - Cultivée - Curieuse - Intelligente - Attentionnée - Fidèle - Passionnée - Drôle - Rationnelle - Courageuse - Battante - ▬ 1 0 . D é f a u t s : - Têtue - Fougueuse - Curieuse - Râleuse - Sarcastique - Colérique - Exigeante - Hyperactive - Excessive - Peu sûre d'elle - ▬ D é t a i l s . P h y s i q u e s (tatouages ou autres.) : Un tatouage à la base de la nuque, très discret, visible que lorsqu'elle remonte ses cheveux «Carpe Diem Quam Minimum Credula Postero». ▬ S t y l e . V e s t i m e n t a i r e : Simple, sans fioriture. Souvent elle donne l'impression d'avoir enfilé quelques vêtements, à la va vite, tombés de son armoire. Elle privilégie le confort la praticité, à la mode ou autre. Elle ne suit pas vraiment les tendances, et reste très classique. Toutefois, une simple chemise sur ses épaules, une robe blanche toute simple, qu'importe le vêtement, il semble d'ôté d'une seconde vie lorsqu'il glisse sur la peau de la belle. L'espression "Un rien l'habille" semble avoir été créé pour elle, et cela peut se révéler réellement agaçant, lorsque l'on passe trois heures à choisir une tenue et qu'on se retrouve éclipsée par cette fille qui n'a fait que sauter dans un jean et un débardeur. ▬ F r è r e s . ? . S o e u r s . ? : Pâris, son frère, plus jeune d'une année. ▬ V o t r e . p l u s . g r a n d . r ê v e : Sa vie n'a été qu'une succession de frustrations, alors il n'est pas difficile de trouver une tripotée de plus grands rêves. Elle aurait souhaité pouvoir jouer sur une scène, mais n'a été autorisée qu'à tourner des spots débiles pour la télévision, avant qu'on ne la juge trop vieille pour faire rêver les parents. Elle aurait souhaité faire des études d'Art, mais elle a été contrainte et forcée de faire son Droit, comme papa. Elle a fini par se rebeller, et entrer, en douce, dans une école de photographie, où elle a apprit son métier. Mais alors qu'elle souhaitait développer son Art, et qu'elle commençait à accéder à une petite renommée, elle dû accepter de menus contrats sur des mariages, des photographies scolaires, et même des anniversaires, juste pour aider à payer les factures qui s'entassaient avec la maladie de sa mère, sans plus trouver les temps ni d'exposer, ni même de photographier, réellement. Son plus grand rêve serait de pouvoir s'asseoir un instant, et réfléchir à ce qu'elle veut vraiment, sans qu'on lui dise ce qu'elle doit faire, pour une fois dans sa vie. ▬ V o t r e . p i r e . c a u c h e m a r : S'enterrer dans une vie qu'elle n'a pas choisie. Oublier de vivre, et passer à côté de son existence. Ça fait un peu "Cercle des Poètes Disparus", mais toute une vie de sacrifices l'a conduit à cette dure réalité. Si elle ne sait pas ce qu'elle veut, elle sait ce qu'elle ne veut plus. ▬ V o t r e . p l u s . b e a u . s o u v e n i r : Il y en a pas mal. Souvent son frère en est la cause. Cette complicité qui les unie est si tenace, que Pâris, est à lui seul, le meilleur souvenir de sa sœur. Il est l'être le plus important qui respire encore sur cette Terre. Mais peut être ne devrait-elle pas dire cela, alors qu'elle est sur le point de se marier. N'est-ce pas le rôle de son fiancé, d'être l'être le plus important à ses yeux ? ▬ V o t r e . p i r e . s o u v e n i r : Étrangement, il ne s'agit pas du décès de sa mère, qui pourtant ne remonte qu'à quelques semaines, et qui est encore très vivace dans son esprit. Son pire souvenir c'est cette maladie. Pendant 4 ans. Omniprésente, tenace, indésirable. Tellement là, qu'elle était comme un membre de la famille, une entité réelle, comme une personne supplémentaire. C'était La Maladie. Celle qui leur a pourrie l'existence, celle qui leur a tout volé, et continue de leur voler. C'est ça son pire souvenir, la souffrance de sa mère, sa lutte perpétuelle. La mort n'aura été qu'une délivrance, qu'un soulagement, que la fin d'une souffrance, et le début d'un manque. ▬ V o t r e . C h a n s o n :
▬ V o u s . v o u s . v o y e z . o ù . d a n s . 1 0 . a n s ? : Si vous posiez la question à Matteo, il vous répondrait surement qu'elle sera son épouse, et la mère de ses enfants, que dans 10 ans, ils auront acquis une belle propriété près de la plage du Lido, et que Tosca répartirait son temps entre le cabinet de son père, et leurs deux enfants. Mais si vous posez la question à cette dernière, elle sera bien incapable de vous répondre. Surement Matteo a-t-il raison, leur vie, sa vie sera telle qu'il la décrit, et pourtant, elle ne s'y voit pas heureuse. Elle voudrait être chanteuse, danseuse, astronaute, équilibriste, dresseuse de fauves, tout et n'importe quoi. Dans 10 ans, elle voudra encore vivre, aimer, jouer... Dans 10 ans, elle se voit vivante, pas éteinte.
E tu ?
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Qui se cache derrière ta souris ?
▬ C'est quoi ton petit nom ou ton surnom ? Svetlana ou Svety pour les intimes. ▬ Fille ? Garçon ? Hermaphrodite ? J'aime à croire que je suis une fille. ▬ C'est quoi ton âge ? Et en année chien, ça donne quoi ? 20 ans tout pile, donc 20x7... hum... 140 ans ? ▬ Tu viens d'où ? Neptune ?! Sans blague ? Moi aussi !! Neptune, exact ! ▬ Comment t'as connu VDS ? C'est la chair de ma chair, le fruit de mes entrailles, fallait pas qu'elle s'en aille, woooohooohoooo ! ▬ Et ça va, il te plait ? Y a plutôt intérêt en même temps ! Un peu mon n'veu ! ▬ Une remarque à faire ? Parle maintenant, ou tais-toi à jamais ! Vlan ! Shhhhhhh ! ▬ T'as trouvé le code super bien caché ? Ouep, mais j'te l'dirais pas ! ▬ En cas de guerre nucléaire... l'électromagnétisme produit par les bombes thermonucléaires pourrait-il endommager mes cassettes vidéo ? Y a des chances ! ▬ On dit que seulement dix personnes au monde comprenaient Einstein. Personne ne me comprend. Suis-je un génie ? Moi j'en suis un !
Tosca Dal Cappello || Petit oiseau si tu n'as pas d'aile, bah tu peux pas voler !